par Gianfranco Brevetto
(FRA/ITA – traduzione in fondo)
Dans son beau livre Les chaînes sans fin, Histoire illustrée du tapis roulant, Yves Pagès, ecrivain ed editeur, nous raconte une histoire singulière , celle d’une machine particulière, le tapis roulant, qui , comme Pagès nous le dit, traverse insidieusement tous les secteurs d’activité. Les tapis roulants que nous voyons en action aujourd’hui sont les héritiers d’une machine qui a tant joué un rôle important pour le développement économique, sociale et culturel.
–Tout d’abord merci, Monsieur, d’avoir accepté de répondre à nos questions. Dans les premières pages du livre, vous avouez que l’idée d’écrire cet ouvrage est née quand vous avez remarqué, dans le même immeuble parisien, la coexistence des enseignes d’un parc de fitness, ou des gens marchaient péniblement sur des tapis roulants, avec celle d’un salon funéraire. Quelles images vous vous ont remontée, en cette occasion, à l’esprit ?
– Il y a en effet, pas loin de la place de la République à Paris, un Fitness Park au première étage d’un immeuble haussmanien, avec une série de tapis de course derrière une baie vitrée, et juste en contre-bas une agence de pompes funèbres. Et comme je passe tous les jours devant en scooter, sitôt remarqué cet étrange agencement urbain, j’ai tenté de le prendre en photo, mais les arbres sur le trottoirs gênaient pour prendre une vue d’ensemble. L’image mentale, elle, a fait son chemin dans ma tête : je me suis mis à imaginer que les défunts pris en charge par cette boutique funéraire n’avaient qu’un étage à monter pour arriver dans un purgatoire post-moderne, où ils seraient voués, grâces à ces plateformes mobiles, à courir sur place éternellement. Cela m’a rappelé un très beau roman de lécrivain britannique Will Self : Ainsi vivent les morts, dont le narrateur s’apercevait que sa mère, pourtant décédée, continuait d’habiter sous une forme semi-fantômatique dans un quartier excentré de Londres. Pour en revenir à la salle de gym post-mortem qui m’obsédait, j’ai vite senti qu’elle incarnait de façon ambivalente un sorte de condamnation au bien-être sans fin, entre punition paradisiaque et mieux-être infernal. Les deux ensemble, au sein d’une ambiance de synthèse, selon une image terminale de l’au-delà jouisseur et punitif du monde actuel, consommable et déja-mort, bienheureux et exténuant.
–En venant à l’histoire intéressante de cet engin mécanique , quels ont été les premiers exemples et en quel période historique se sont produits?
– Il est difficile de faire l’histoire de ce tapis roulant, sans remonter au transport sur rondins des blocs de pierre dans l’Antiquité égyptienne ou aux énormes cylindres actionnées par des humains à l’intérieur pour servir de grue ou de catapulte au Moyen Âge. C’est paradoxalement dans la foulée de l’invention des moteurs à vapeur, initiant la révolution industrielle, qu’ont été remis à jour des techniques anscestrales : celle du Moulin Disciplinaire dans les prisons anglaises à partir de 1818, consistant à faire activer la rotation d’une immense roue à aubes par des détenus placés en rangs d’oignons, “hard labor” qui fut employé jusqu’au début du XXe siècle; autre méthode méconnue, la mise à contribution des chevaux sur des plans inclinés pourvus d’une chenille de bois pour récupérer au gré de leur piétinnement sur place leur une énergie mécanique à usage agricole, modèle qui connut un grand succès en france sous le nom de trépigneuse jusqu’à la Grande Guerre. Faute de connaître ces procédés, passés aux oubliettes de l’Histoire, on ne peut saisir le contexte permettant l’invention de l’escalator ou “escalier mobile” dans les années 1890, ni du “trottoir roulant” qui fera sensation à l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
–Ce mécanisme sans fin, permet nombreuses possibilité techniques dans plusieurs domaines. Quelles ont été le conséquences, en termes anthropologique, pour l’economie capitaliste qui se structurait et se consolidait ?
-Dès qu’on se penche sur l’hsitoire des techniques, on entre dans un domaine hélas très cloisonné, alors qu’il faut penser de façon panoramique chaque époque en observant comment tel principe, en l’occurrence celui de la “chaîne sans fin”, a pu avoir des applications dans des domaines très différents : l’agriculture, les loisirs, le théâtre, les transports, les grands magasin… Et cela avant que le “conveyor belt” devienne un élément dynamique essentiel pour le secteur industriel, d’abord dans les houillères pour le tri du charbon sortant des mines par des femmes qu’on nommait en France les “clapeuses”, puis dans l’industrie automobile aux USA, avec la création de la ligne d’assemblage pour le modèle unique des Ford T en 1913. Et l’on ne peut rien saisir au brutal changement introduit par le “travail à la chaîne”, si on ne néglige ses origines du côté des trépigneuses animales dans les campagnes ou du supplice de “l’escalier éternel” dans les pénitenciers anglais. Suite au contrôle chronométrique initié par F. W. Taylor au début du XXe siècle, le surgissement d’une bande transporteuse, censée éviter gestes et déplacements inutiles, soumet le travail posté répétitif des ouvriers à des cadences exténuantes. Et la question centrales du surmenage, d’abord posée pour les animaux de trait va bientôt devenir celle des bêtes humaines de l’ère capitalistique . Un surmenage musculaire dont a mis plus d’une demi-siècle à déceler la face cachée psychique, celle d’une “dépritualisation” psychique que le sociologue Georges Friedmann mettra tardivement en lumière au cours des années 1950 dans Le travail en miettes.
–…mais pas seulement pour l’économie capitaliste, la propagande soviétique l’a utilisé aussi, de quelle manière ?
– Pour ce qui concerne le modèle du “travail à la chaîne” fordien, et ses prémices tayloriens, on remarquera qu’il a été très tôt détesté par les ouvriers, mais que les syndicats états-uniens ou français ont préféré s’en tenir à des revendications salariales ou horaires, en jugeant que les principes de la “rationnalisation” productive ne pouvaient pas être remis en cause frontalement, qu’ils étaitent du ressort d’une expertise manageriale. Et ce status quo a perduré des décennies durant, et cela d’autant plus que du côté soviétique, Lénine ouTrotski ont très vite adoubé ces principes, les jugeant nécessaires au développement du scteur industriel, quel qu’en soit les coût humain. Sous Staline, on verra par la suite, en 1932, les premières lignes d’assemblage de tracteurs conçues en partenariat avec la magnot anti-communiste Ford, avant que la propagande stakhanoviste ne crèe une véritable religion de la productivité. De ce point de vue , il n’y a jamais eu de vrai conflit sur l’organisation scientifique du travail entre le capitalisme libéral état-unien et le capitalisme d’Etat soviétique. Et cette question tabou n’a put ressurgir qu’avec les révoltes ouvrières de l’après-68, constestant les chronomètres, les pointeuses et les “cadences infernales”.
–Une dernière question pour conclure cette notre précieuse conversation et qui permet de résumer, en quelque sorte, le sens du livre : pourquoi il ne faut aller nulle part rapidement?
– Pour l’anecdote, j’ai découvert au cours de mes recherche un film promotionnel Pathe news datant de 1926 pour un club de gym de Philadelphie aux USA. On y vois un ancien champion de boxe, Jack O’Brien entraîner des jeunes femmes sur un tapis de course non-motorisé (qui ressemble aux trépigneuses agricoles des années 1870). Et au terme de la séquence muette, un carton apparaît sur l’écran avec ce slogan publicitaire : “Going nowhere very rapidly”. On mesure le chemin parcouru depuis… dans cette course à la vitesse, la performance, la productivité, dont le tapis roulant est à la fois la courroie matérielle et le symbole sisyphéen. N’en reste plus qu’une injonction paradoxale, celle de la croyance progressiste qui depuis le début des révolution industrielles a couru après les mirages du mouvement perpétuel, ce perpetuum mobile dont l’Académie des Sciences de Paris avait interdit les recherches dès 1775. A croire que l’esprit du capitalisme n’a jamais couru qu’après cette lubie obsolète, en lui trouvant des avatars automatisés, en niant l’évidence : il n’est pas de croissance illimitée dans un monde aux ressources limitées – ressource humaines comprises, et en voie d’exténuation permanente.
Yves Pagès
Les chaînes sans fin
Histoire illustrée du tapis roulant
2023, Zones éditions la découverte
Andare rapidamente da nessuna parte. Intervista a Yves Pagès
di Gianfranco Brevetto
Nel suo bellissimo libro Les chaînes sans fin, Histoire illustrée du tapis roulant, Yves Pagès, scrittore ed editore, ci racconta una storia singolare. Quella di una macchina particolare, il nastro trasportatore, che, come ci racconta Pagès, attraversa insidiosamente tutti i settori di attività. I tapis roulant che vediamo in azione oggi sono gli eredi di una macchina che ha svolto un ruolo centrale nello sviluppo economico, sociale e culturale.
– Innanzitutto grazie per aver accettato di rispondere alle nostre domande. Nelle prime pagine del libro racconta che l’idea di scrivere questo lavoro è nata quando ha notato, nello stesso edificio parigino, la coesistenza delle insegne di un parco fitness, dove la gente camminava faticosamente sui tapis roulant, con quella di un’impresa di pompe funebri. Quali immagini le sono venute in mente in questa occasione?
-Esiste infatti, non lontano da Place de la République a Parigi, un Fitness Park al primo piano di un edificio haussmaniano, con una serie di tapis roulant dietro una vetrata e, proprio sotto, un’agenzia di fitness e di pompe funebri. E siccome ci passo tutti i giorni in motorino, appena ho notato questa strana conformazione urbana, ho provato a fotografarla, ma gli alberi sui marciapiedi rendevano difficile avere una visione d’insieme. Un’immagine mentale si è fatta strada nella mia testa: ho cominciato a immaginare che i defunti accuditi da questa impresa funebre avevano solo un piano da salire per arrivare in un purgatorio postmoderno, dove sarebbero stati condannati, grazie a queste piattaforme mobili, a correre sul posto eternamente. Questo mi ha ricordato un bellissimo romanzo dello scrittore britannico Will Self, How the Dead Live, in cui il narratore si rende conto che sua madre, sebbene deceduta, continui a vivere in forma semi-spettrale in una zona periferica di Londra. Tornando alla palestra post mortem che mi ossessionava, ho subito sentito che incarnava in modo ambivalente una sorta di condanna al benessere infinito, tra punizione celeste e benessere infernale. I due insieme, in un’atmosfera di sintesi, in un’immagine terminale dell’aldilà gaudente e punitivo del mondo attuale, da consumare e già morto, felice ed estenuante.
– Venendo all’interessante storia di questo dispositivo meccanico, quali furono i primi esemplari e in quale periodo storico sono comparsi?
-È difficile raccontare la storia del nastro trasportatore senza ritornare al trasporto di blocchi di pietra su tronchi nell’antico Egitto o agli enormi cilindri azionati dall’uomo per azionare gru o catapulte nel Medioevo . È paradossalmente sull’onda dell’invenzione dei motori a vapore, dando inizio alla rivoluzione industriale, che si aggiornano tecniche ancestrali. Nelle carceri inglesi del 1818, i detenuti, disposti in file parallele, azionavano un’enorme ruota idraulica, il “lavoro forzato” utilizzato fino agli inizi del ‘900. Ma anche l’utilizzo di cavalli su piani inclinati per recuperare energia meccanica per uso agricolo, modello che ebbe grande successo in Francia con il nome di trépigneuse fino alla Grande Guerra. Senza conoscere questi processi, dimenticati dalla Storia, non possiamo comprendere il contesto che ha portato all’invenzione della scala mobile negli anni Novanta dell’Ottocento, né del marciapiede mobile che fece scalpore all’Esposizione Universale di Parigi nel 1900. .
– Un meccanismo infinito consente numerose possibilità tecniche in diversi settori. Quali furono le conseguenze, in termini antropologici, per l’economia capitalistica che si andava strutturando e consolidando?
– Non appena guardiamo alla storia delle tecniche, entriamo in un ambito purtroppo molto segmentato, mentre dobbiamo pensare in modo panoramico a ciascuna epoca osservando come un principio particolare, in questo caso quello della “catena infinita”, abbia trovato applicazioni in ambiti molto diversi: agricoltura, tempo libero, teatro, trasporti, grandi magazzini. Il “nastro trasportatore” divenne un elemento dinamico essenziale per il settore industriale. Prima nelle miniere di carbone per la cernita del carbone in uscita ad opera delle donne, che in Francia venivano chiamate “clapeuses”, poi nell’industria automobilistica negli USA, con la creazione della catena di montaggio del modello unico della Ford T nel 1913. E non possiamo comprendere il brutale cambiamento introdotto dal “lavoro in linea”, se trascuriamo le sue origini: il calpestio degli animali in campagna o della tortura dei “scala senza fine” nei penitenziari inglesi. Dopo il controllo del tempo avviato da F. W. Taylor all’inizio del XX secolo, l’avvento di un nastro trasportatore, che dovrebbe evitare gesti e movimenti non necessari, sottopone il lavoro ripetitivo dei turni dei lavoratori a ritmi estenuanti. La questione centrale del carico di lavoro, posta inizialmente per gli animali da tiro, diventerà presto quella degli animali umani nell’era capitalista. Un superlavoro muscolare di cui ci è voluto più di mezzo secolo per scoprire il lato psichico nascosto, quello di una “despiritualizzazione” che il sociologo Georges Friedmann avrebbe tardivamente portato alla luce negli anni Cinquanta in Le travail en miettes.
– ….ma non solo nell’economia capitalista, anche la propaganda sovietica se ne serviva, in che modo?
– Il modello fordiano del “lavoro in linea”, e le sue origini tayloriste, fu molto presto odiato dai lavoratori, ma che i sindacati americani o francesi preferirono adeguarsi ad esso con rivendicazioni salariali o orarie, ritenendo che i principi di “razionalizzazione” produttiva non potevano essere messi in discussione, poiché erano di competenza manageriale. Questo status quo durò per decenni, soprattutto da quando, da parte sovietica, Lenin e Trotsky l’approvarono, ritenendo questi principi necessari per lo sviluppo del settore industriale, qualunque fosse il costo umano. Sotto Stalin, abbiamo visto, nel 1932, le prime linee di assemblaggio di trattori progettate in collaborazione con il magnate anticomunista Ford, prima che la propaganda stacanovista creasse una vera e propria religione della produttività. Da questo punto di vista non c’è mai stato un vero conflitto sull’organizzazione scientifica del lavoro tra il capitalismo liberale statunitense e il capitalismo di Stato sovietico. Questa questione tabù sarebbe riemersa solo con le rivolte operaie post-68, contro cronometri, orologi e “ritmi infernali”.
– Un’ultima domanda per concludere la nostra preziosa conversazione e che ci permette di riassumere, per certi versi, il senso del libro: perché rischiamo di andare velocemente da nessuna parte?
-Per la cronaca, durante le mie ricerche ho scoperto un film promozionale di Pathé News risalente al 1926 per una palestra di Filadelfia negli Stati Uniti. Vediamo un ex campione di boxe, Jack O’Brien, che allena giovani donne su un tapis roulant non motorizzato (che ricorda i tapis roulant agricoli degli anni ’70 dell’Ottocento). Alla fine della sequenza silenziosa, sullo schermo appare una cartolina con questo slogan pubblicitario: “ Andiamo da nessuna parte molto rapidamente”. Misuriamo i progressi compiuti da allora… in questa corsa alla velocità, alla prestazione, alla produttività, di cui il tapis roulant è allo stesso tempo una cinghia materiale e il simbolo di Sisifo. Non resta che un obiettivo paradossale, quello della convinzione progressista che dall’inizio della rivoluzione industriale ha inseguito i miraggi del moto perpetuo, questo perpetuum mobile di cui l’Accademia delle Scienze di Parigi aveva vietato la ricerca dal 1775. Lo spirito del capitalismo ha sempre e solo inseguito questa moda obsoleta, trovandone avatar automatizzati, negando l’ovvio: non esiste una crescita illimitata in un mondo con risorse limitate – risorse umane comprese – in procinto di essere per sempre esaurite.
Yves Pagès
Les chaînes sans fin
Histoire illustrée du tapis roulant
2023, Zones éditions la découverte