Annibale Fanali
(FRA/ITA/ENG)
Suicide: “le seul problème philosophique vraiment sérieux”, dit Camus dans le mythe de Sisyphe. Le point de départ de son raisonnement est l’absurde. Son premier signe? “Cet état d’esprit particulier dans lequel le vide devient éloquent, dans lequel la chaîne des gestes quotidiens est interrompue et le cœur cherche en vain le lien qui le réunit”. Dans la discontinuité existentielle de cette expérience, le suicide a lieu que Shneidman (1985) définit comme l’acte “d’auto-annihilation consciente” d’un individu aux prises avec l’absurdité de sa propre existence et qui perçoit le suicide comme la meilleure solution. Mais quelles sont les raisons de cette absurdité?
Le chemin est-il chaud?
Il n’y a pas de raison unique. Le chemin est-il chaud[1]. Pourquoi le suicide? Fuani Marino (2019) l’a demandé dans un de ses romans récents[2], dans lequel il raconte son expérience directe des contacts étroits et directs avec la mort. Les raisons sont multiples. Le suicide est un état complexe de malaise multidimensionnel en ce sens que les aspects biologiques, biochimiques, socioculturels, sociologiques, interpersonnels, intrapsychiques, philosophiques et existentiels y participent. Mann (2003) dans une perspective biopsychosociale, prend en considération à la fois les facteurs distaux tels que le profil génétique, les expériences des premiers stades de la vie, les troubles neurobiologiques et les caractéristiques de la personnalité, ainsi que les facteurs proximaux, tels que les événements traumatiques, les troubles psychiatriques et facteurs environnementaux et sociaux. Les propriétés que chacune de ces dimensions met en évidence ne peuvent cependant pas être réduites les unes aux autres si elles sont considérées isolément, mais considérées comme une qualité émergente de leur appartenance à un réseau de niveaux intégré et complexe.
Par conséquent, le “prop hoc post hoc” ne s’applique pas au suicide. Le réductionnisme[3] n’en vaut pas la peine. Cela est si vrai que très souvent, la seule façon d’aborder la complexité de cet acte pour comprendre ses raisons est d’essayer de reconstruire a posteriori ou, lorsque cela est possible, d’écouter les témoignages directs de ceux qui, pour une raison quelconque, ont réussi à échapper à la événement fatal. En interrogeant les médecins qui l’ont soigné, les agents, les membres de la famille, les amis. Se concentrer sur le passé de la personne, sur des données psychiatriques ou psychologiques, sur des problèmes sociaux ou économiques. Mais malgré cela, le doute peut toujours subsister, le mystère.
“Quand le vide devient éloquent”
Dans “Petits suicides entre amis”, Arto Paasilinna (2006) dit: “le suicide est une affaire tellement intime qu’il requiert une tranquillité absolue … le suicide n’accepte pas la relationnalité”. Elle nécessite une séparation, un détachement, une isolation, une distance “de sécurité”. Quand “le vide devient éloquent” même le mot est perdu, c’est un mot perdu, qui ne peut plus rencontrer les mots des autres dans le dialogue. Il devient un mot monologique, autoritaire (qui s’impose), dogmatique (qui n’accepte pas d’être interrogé), caché (qui ne se fait pas entendre), lourd (qui a perdu toute sa légèreté). Oppressif, lugubre et figé: “le cadavre nu de la parole” (Bakhtine, 1979). Il est cependant décidé et impératif. Dans ce climat, l’idée d’un suicide imminent semble être une affaire privée, personnelle et intime. Une idée sans débouchés, un texte sans le “avec”. Mais il ne faut jamais se résigner à l’inévitabilité. Dans “le côté obscur de la lune”, il y a toujours un côté de la lumière à explorer, des regards furieux à regarder. C’est pourquoi il est toujours nécessaire d’enquêter sur les endroits sombres, afin qu’ils le soient un peu moins.
Ambivalence
L’aide à cet égard peut provenir de l’ambivalence. L’ambivalence permet à ce qui est le plus intérieur et le plus fermé, le plus secret, de s’ouvrir au partage et de franchir le bord de la cage que produit la douleur mentale. En pénétrant les méandres de l’ambivalence, bien que toujours présents, il est possible de rencontrer la présence de l’altérité. Parce qu’à la fin la mort effraie même ceux qui la désirent fortement. L’ambivalence est en contraste, pas tout à fait réelle car les deux termes sont cependant complémentaires et récursifs, faisant osciller la pensée entre le désir de mourir et la peur de mourir (que la victime voudrait supprimer), entre la nostalgie du suicide et la angoisse de mort. On peut voir l’ambivalence dans le sens du soulagement après une tentative de suicide ou un suicide manqué.
Désespoir
Le sentiment de désespoir est profondément imprégné d’ambivalence, un sentiment qui accompagne toujours le suicide. “Celui qui se tue, dit Leopardi dans le Zibaldone, n’est pas vraiment sans espoir … Chaque instant est une pensée, et donc à chaque instant un acte de désir, et aussi un acte d’espoir”. Le thème du désespoir est récurrent dans les poèmes d’un autre grand poète. Dans Spleen Baudelaire, il décrit l’expérience de l’espoir qui pleure de désespoir: «Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l’esprit qui gémit au milieu de longues inquiétudes, et se déverse, embrassant tout le tour de l’horizon, un jour noir plus triste que la nuit; quand la terre se transforme en prison humide où Hope, comme une chauve-souris, claque son aile timide contre les murs et bat sa tête sur des plafonds pourris … l’espoir pleure et l’angoisse atroce despotique plante son noir sur mon crâne bannière. “
Sans espoir, le monde perd sa vitalité et sa continuité, son élan vital; l’effort de vivre se dilate douloureusement et la vie se cristallise dans le tourment intérieur se fermant dans la prison de l’angoisse. Un terme qui dérive de la détresse, de l’angoisse, de quelque chose d’indéfini, qui opprime et ferme l’existence dans une cage aux frontières rigides. Une cage qui avec tristesse se transforme en gris foncé et opaque, et qui empêche le regard de s’ouvrir. Il n’y a pas de reflets, pas d’éclairs dans ce monde. Comme dans l’obscurité d’une forêt sans clairières, il n’y a pas de lumière (Zambrano, 2004).
L’espoir est le sentiment qui nous donne de la force lorsqu’il est poussé par la curiosité, avec les ailes hermétiques de l’exploration, nous dépassons les limites du connu, alors que nous poursuivons nos rêves. Quand en accueillant la nouvelle, sans avoir une peur paralysante, on passe de l’anticipé à l’inattendu, de l’impossible au possible. Je fais de plus en plus allusion au «pont de l’espoir qui s’élève au-dessus de toutes les situations, même des situations sans issue apparente» et «de l’espoir créateur qui tire sa force du vide, de l’adversité, de opposition “: l’espoir qui donne naissance à la vertu de la résilience.
Quel que soit le facteur de stress ou de vulnérabilité en place, le chemin final commun qui mène une personne au suicide semble être un sentiment de perte totale d’espoir, ce qui implique une restriction des perspectives d’avenir et une perte de capacité à réagir. Le suicide est alors considéré comme le seul moyen de sortir d’une situation désespérée. Dans la vision tunnel, il y a la perception d’être dans un passage étroit, dans une impasse, sans possibilité de choix ou d’alternatives. “Il n’y a pas d’issue.” “Je ne pouvais rien faire d’autre.” … “. Dans cette situation, on peut se sentir totalement perdu, sans défense, avalé. Blowin ‘in the dark pour paraphraser le titre d’une chanson bien connue de Bob Dylan. Blowing, qui dans la traduction de Mogol, n’est pas soufflé, mais traqué , poussé “tombé” (ou peut-être encore plus précipité) dans l’obscurité. Et non pas dans le vent, qui dans ces situations terribles, ne souffle plus vers la lumière de l’espoir, mais vers l’obscurité de la mort. Pour cette raison, une personne qui exprime ouvertement des sentiments de désespoir ou son intention de clore sa propre existence, ou qui suggère tout plan suicidaire, doit être considéré comme un sujet à haut risque.
La honte
Une vie qui précède souvent l’acte de suicide ou qui apparaît dans l’expérience de ceux qui ont survécu ou atteint l’issue fatale est une honte. Dans le submergé et le sauvé, la honte et la culpabilité sont combinées dans un mélange angoissant: pour la «culpabilité» d’être un «sauvé» et pour «la conscience de n’avoir rien fait, ou pas assez, contre ce monde». Primo Levi (1986) poursuit: “Je me sentais tellement innocent, mais pris au piège parmi les sauvés, et donc dans la recherche permanente de justification”. Pas toujours de manière consciente, malgré les souffrances indicibles non moins lourdes que de se sentir “accusé et jugé”, poussé à se justifier et à se défendre “. Et encore sa question: pourquoi des hommes comme moi ont-ils fait tout cela? Ils n’étaient pas si loin de ce que je suis aussi. S’ils l’ont fait, parce que ce sont des hommes comme moi, n’aurais-je pas pu le faire aussi? Le sentiment de culpabilité, le sentiment de honte: cette question radicale était trop pour lui (Belpoliti, 2015). Une référence mythique sur ce thème: l’Ajax de Sophocle. L’Ajax se suicide par honte et perte d’honneur. Sa réputation s’effondre lorsqu’il devient fou à cause d’un sort jeté par Athéna, il se lance contre un troupeau de moutons et de massacres, croyant tuer Agamemnon et Ménélas qui lui avaient refusé les armes d’Achille. De retour à lui, il se rend compte de ce qu’il a réellement fait: ayant ainsi perdu son honneur, il préfère se suicider plutôt que de continuer à vivre dans la honte. Il se tue en se poignardant avec l’épée que Hector lui avait donnée à la fin de leur duel.
Dans ces cas, le suicide devient la dernière et seule possibilité de remédier à l’annulation de l’image publique de soi: quitter la scène de la vie, ne plus voir ou être vu, cesser enfin d’être totalement transparent (Ballerini et al.1990)
Pas comme une fin mais comme un moyen
Dans les moments les plus sombres de la douleur mentale, la mort n’est pas seulement évoquée poétiquement “Peut-être à cause du calme fatal, vous êtes l’image que je suis clair, venu ou le soir”, mais recherchée de manière obsessionnelle et pas tant comme une fin, comme un moyen et aussi comme un départ, comme une évasion, pour sortir de l’état de douleur profonde, de tourments et d’angoisse intolérables, de solitude, parfois de honte et d’humiliation, que le sujet ne peut plus reporter. Une nébuleuse d’émotions que Shneidman (1993) a appelée avec un seul terme “psychache” et Maltsberger (2004) “déluge affectif”[4]. Dans cette phase le monde perd son centre, se détache, n’a plus de références, ni d’ancres rassurantes et protectrices. Dans cette dimension, la vie n’a plus de sens. C’est juste une vie nue. Une vie nue, “stupide”, qui ne vaut plus la peine d’être vécue[5]. Et le sujet se vit aussi comme une entité inutile et insignifiante. Mais ce n’est jamais seulement cela, mais il y a toujours des espaces ouverts à explorer en ambivalence, dans lesquels la relation de confiance peut jouer ses cartes. Même au fond du tunnel, il existe une issue que ceux qui souffrent ne voient pas, mais ceux qui aident doivent non seulement voir et reconnaître, mais aussi communiquer, dans son sens étymologique de partage, de partage, de résonance. Mais pour ce faire, même dans son cœur et dans son esprit, il doit accueillir la figure de l’espoir.
Seuil
Il y a un seuil à franchir pour le passage à l’acte. Et le seuil n’est pas une frontière stable et bien définie. Dans un système loin de l’équilibre, il est flottant et en tension constante, car il est le lieu d’une interaction où les développements d’une rencontre entre facteurs de protection et facteurs déclenchants peuvent devenir imprévisibles. C’est souvent avec ces problèmes que nous opérons au bord du chaos; se glisser dans ce domaine peut être un facteur déterminant pour que les soignants interviennent efficacement et rapidement. Dans ce cas, face à une douleur mentale tenace, il est important d’évaluer à la fois les ressources externes et internes de la personne[6]. L’effacement de ces ressources et la prévalence des facteurs déclenchants et en particulier l’émergence d’un état mental douloureux et insupportable (né de la honte, des humiliations, des échecs, qui se nourrit d’isolement et de solitude, avec la frustration du besoin d’appartenance et en ne se sentant pas connectés dans un monde qui est perçu comme incapable de reconnaissance), ils peuvent déplacer résolument l’intention suicidaire vers l’issue fatale.
Cependant, selon la théorie interpersonnelle et psychologique du suicide (IPTS)[7], c’est avec la capacité acquise (la capacité de résister à la peur de la mort) que l’aspirant suicidaire franchit le seuil critique qui l’expose au passage à l’acte. Cela implique une exposition à des événements douloureux et difficiles ou dangereux, lorsque la douleur et la peur deviennent moins répugnantes et plus tolérables. On peut par exemple passer des tentatives qui viennent d’être esquissées, irréalistes, qui se manifestent sous la forme d’actes d’automutilation peu graves (comme des coupures superficielles, des hypothèses de quantités de drogues pas trop toxiques, presque pour se familiariser avec l’idée de la mort), à les comportements d’automutilation avec des atteintes graves à l’intégrité du corps tels que l’automutilation ou les parasuicides qui surviennent avec des comportements qui vous exposent volontairement ou involontairement au risque de mort (conduite à grande vitesse, sports extrêmes).
La personne fragile, avec la perte d’une ressource extérieure stabilisante, qui peut déclencher une inondation émotionnelle et conduire au suicide, peut prendre une décision. Décider, c’est couper et ne plus balancer dans l’ambivalence fluctuante douteuse (duo-habere) (Sérres 1985). C’est choisir. Et le choix est comme un sentiment de libération. Le moment de la décision peut en effet être accompagné d’une attitude de calme apparent, souvent mal comprise même par les personnes les plus proches, qui découle précisément de ce dépassement du dilemme, lorsque la prise de décision produit une attitude apparemment plus sereine et contrôlée.
Scintillements
Ce n’est qu’avant cette décision qu’il est possible de créer des espaces d’ouverture et de partage, quand il est encore possible d’entrevoir des passages à travers le dédale de l’ambivalence. Ce sont des espaces virtuels, qui doivent être remplis de la volonté d’écouter, de la proximité, de l’établissement d’une relation de confiance, de la capacité de sympathiser avec la douleur lacérante, sans céder à la peur et à l’angoisse qui la mort évoque, car la présence dans le contexte de la relation d’une épée de Damoclès vécue comme imminente. Pour écouter, il faut donc apprendre à écouter et à entendre la musique qui n’est pas toujours harmonieuse et stridente de dissonance. Pour cette raison, les émotions «négatives» ne peuvent être ignorées, ce qui peut entrer dans la relation sous une forme impulsive et éclatante. Ceux qui travaillent au contact de la douleur mentale de la personne désespérée ne peuvent, à mon avis, agir dans la solitude totale. Il y a un réel besoin de partager le poids avec les autres, d’avoir des références et, si possible, de s’appuyer sur un service intégré et articulé, qui agit à plusieurs niveaux et une équipe qui peut servir de base sécurisée non seulement pour la personne en crise. Je ne vais pas plus loin cependant, car c’est un problème très compliqué et complexe, qui mérite d’être exploré dans un espace dédié et qui a incontestablement besoin d’un traitement spécifique.
[1] Association américaine de suicidologie. Le chemin est-il chaud. Un acronyme qui permet une approche de la multiplicité : Idéation ; Abus de substance; Sans but; Anxiété; Piégé; Désespoir; Retrait ; Colère; Insouciance; Des changements d’humeur.
[2] À la fin de l’après-midi d’août, quatre mois après avoir eu sa première et unique fille, Fuani Marino s’est jetée du quatrième étage d’un immeuble, a volé d’en haut “comme un sac noir” sur le trottoir d’une rue étroite de Pescara. Mais pourquoi est-il monté là-haut ? Pour ensuite sauter dans le vide ? “Je n’ai pas trouvé de réponse à la raison de mon geste, chaque meurtre reste un mystère individuel […] Ce n’était pas de la tristesse, qui est un sentiment avec lequel on peut vivre, c’était un manque total de sens […] ] », confie l’auteur à Alessandra Sarchi dans « la Lettura – Corriere della Sera ».
[3] Même la pathologie psychiatrique, certes influente, ne suffit pas à elle seule : c’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Son association avec le suicide doit être interprétée en considérant les relations complexes avec d’autres facteurs de risque, à la fois internes et externes.
[4] Maltsberger (2004) propose un modèle d’effondrement suicidaire composé de quatre moments : le déluge émotionnel, la lutte (pour dominer le flot affectif), la désintégration (perte de contrôle), la survie grandiose et le rejet du corps, comme survie dans une autre dimension. Voir Pompil (2013).
[5] Cette considération est particulièrement vraie dans les situations de suicide en prison. Paradiso dit : « L’acte auto-suppresseur confronte l’institution à sa propre impuissance, car le détenu cesse d’être un reclus pour s’affirmer, par la négativité radicale du geste, en tant qu’être humain. Les suicides représentent donc une forme dramatique et désespérée d’une communication qui n’a pas trouvé de réponse. En prison, nous sommes en présence de « vie nue », c’est-à-dire d’individus qui, dans la plupart des cas, sont propriétaires de leur vie uniquement et exclusivement, et c’est pourquoi pour communiquer, ils peuvent atteindre le suicide dans des cas extrêmes. » Paradis 2011)
[6] Les ressources externes incluent la relation avec la famille et les enfants (« Cela aurait un effet néfaste sur mes enfants », « Ma famille dépend de moi et a besoin de moi ») ou la relation dans la communauté : savoir si l’on peut compter sur une solide réseau de santé et le soutien de personnes importantes dans son environnement (« D’autres peuvent penser que je suis faible et égoïste »). Les ressources internes comprennent la résolution de problèmes et les capacités d’adaptation, une bonne estime de soi et la confiance en soi ou ont des objections au suicide pour des raisons religieuses.
[7] « Appartenance opposée », « fardeau perçu », « capacité acquise », sont trois variables déterminantes pour la mise en œuvre d’une tentative de suicide mortelle. Le fardeau perçu consiste dans le sentiment d’être un fardeau et de représenter une responsabilité pour les autres. Dans l’IPTS (Interpersonal-psychological theory of suicide in Joiner 2005) les contrastes d’appartenance et le fardeau perçu, ensemble, définissent le désir de suicide. La troisième dimension, la capacité acquise, est déterminante pour l’issue d’un comportement suicidaire grave.
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Note sul Suicidio. Appunti sulla dimensione soggettiva
Annibale Fanali
Il suicidio: “l’unico problema filosofico veramente serio”, dice Camus nel Mito di Sisifo. Il punto di partenza del suo ragionamento è l’assurdo. Il suo primo segno? “Quel particolare stato d’animo in cui il vuoto diviene eloquente, in cui la catena dei gesti quotidiani viene interrotta e il cuore cerca invano l’anello che lo ricongiunga”. Nella discontinuità esistenziale di questo vissuto si realizza il suicidio che Shneidman (1985) definisce come l’atto “conscio di autoannientamento” di un individuo che è alle prese con l’assurdità della propria esistenza e che percepisce il suicidio come la migliore soluzione. Ma quali sono le ragioni di questa assurdità?
Is path warm
Non c’è una ragione unica. Is path warm.[1] Perché il suicidio? Se lo domanda Fuani Marino (2019) in un suo recente romanzo[2], nel quale racconta la sua esperienza diretta a stretto e diretto contatto con la morte. Le ragioni sono molteplici. Il suicidio è uno stato complesso di malessere multidimensionale nel senso che vi partecipano aspetti biologici, biochimici, socioculturali, sociologici, interpersonali, intrapsichici, filosofici ed esistenziali. Mann (2003) in un’ottica biopsicosociale, prende in considerazione sia fattori distali come il profilo genetico, le esperienze delle prime fasi della vita, i disturbi neurobiologici e le caratteristiche di personalità, sia fattori prossimali, come gli eventi traumatici i disturbi psichiatrici ed i fattori ambientali e sociali. Le proprietà che ognuna di queste dimensioni pone in evidenza, non sono però riducibili l’una all’altra se considerate isolatamente, ma considerate come una qualità emergente del loro essere parti di una rete integrata e complessa di livelli.
Per il suicidio non vale dunque il “post hoc propter hoc”. Non vale il riduzionismo.[3] È così vero questo che molto spesso l’unico modo per avvicinarsi alla complessità di questo atto per capirne le ragioni, è cercare di ricostruire a posteriori o, quando è possibile, ascoltare le dirette testimonianze di chi per qualche ragione è riuscito a sfuggire all’evento fatale. Intervistando i medici che lo avevano in cura, gli agenti, i familiari, gli amici. Soffermandosi sul passato della persona, sui dati psichiatrici o psicologici, sulle problematiche sociali o economiche. Ma nonostante ciò, può sempre rimanere il dubbio, il mistero.
“Quando il vuoto diventa eloquente”
In “Piccoli suicidi tra amici” Arto Paasilinna (2006) dice: “il suicidio è una faccenda talmente intima da richiedere una tranquillità assoluta… il suicidio non accetta la relazionalità.” Richiede separazione, distacco, isolamento, una distanza di “sicurezza”. Quando “il vuoto diventa eloquente” anche la parola si perde, è una parola smarrita, che non riesce più a incontrare nel dialogo le parole di altri. Diventa una parola monologica, autoritaria (che si impone), dogmatica (che non accetta di essere messa in discussione), nascosta (che non si fa sentire), pesante (che ha perso tutta la sua leggerezza). Opprimente, lugubre e congelata: “il nudo cadavere della parola” (Bachtin, 1979). E pur tuttavia decisa e imperativa. In questo clima l’idea del suicidio incombente appare come una questione privata, personale, intima. Un’idea senza sbocchi, un testo senza il “con”. Ma non bisogna mai rassegnarsi all’ineluttabilità. Nel “the dark side of the moon” c’è sempre un versante di luce da esplorare, bagliori da scrutare. Per questo c’è pur sempre bisogno di indagare i luoghi oscuri, perché lo siano un po’ meno.
Ambivalenza
Un aiuto in questo senso può provenire dall’ambivalenza. L’ambivalenza consente a ciò che è più interno e chiuso, a ciò che è più segreto, di aprirsi alla condivisione ed a oltrepassare il confine della gabbia che il dolore mentale produce. Penetrando nei meandri dell’ambivalenza, pur sempre presente, è possibile incontrare la presenza dell’alterità. Perché in fondo la morte spaventa anche chi fortemente la desidera. L’ambivalenza è nella contrapposizione, non del tutto reale perché i due termini sono comunque complementari e ricorsivi, oscillando il pensiero tra il desiderio di morire e il timore di morire (che chi soffre vorrebbe rimuovere), tra la nostalgia del suicidio e l’angoscia della morte. L’ambivalenza la possiamo intravedere nel senso di sollievo dopo un tentativo di suicidio o in un suicidio mancato.
Disperazione
Profondamente intriso di ambivalenza è il senso di disperazione, un sentimento che accompagna sempre il suicidio. “Chi si uccide da sé, dice Leopardi nello Zibaldone, non è veramente senza speranza… Ogni momento è un pensiero, e così in ogni momento un atto di desiderio, e altresì un atto di speranza”. Il tema della disperazione è ricorrente nelle poesie di un altro grande poeta. In Spleen Baudelaire così descrive l’esperienza della speranza che piange nella disperazione: “Quando il cielo basso e greve pesa come un coperchio sullo spirito che geme in preda a lunghi affanni, e versa, abbracciando l’intero giro dell’orizzonte, un giorno nero più triste della notte; quando la terra è trasformata in umida prigione dove la Speranza, come un pipistrello, va sbattendo contro i muri la sua timida ala e picchiando la testa sui soffitti marci… la speranza piange e l’atroce angoscia dispotica pianta sul mio cranio chinato il suo nero vessillo.”
Senza la speranza il mondo perde la sua vitalità e la sua continuità, il suo slancio vitale; la fatica di vivere si espande dolorosamente e la vita si cristallizza nel tormento interiore chiudendosi nella prigione dell’angoscia. Un termine questo che deriva da angustia, angstm, qualcosa di indefinito, che opprime e chiude l’esistenza dentro una gabbia dai confini rigidi. Una gabbia che con la tristezza si colora di un grigio oscuro ed opaco, e che impedisce allo sguardo di aprirsi. Non ci sono riflessi, né lampi di luce in questo mondo. Come nel buio di un bosco senza radure, non c’è alcun chiarore (Zambrano, 2004).
La speranza è il sentimento che ci dà forza quando sospinti dalla curiosità, con le ali hermetiche dell’esplorazione andiamo oltre i confini del noto, mentre stiamo inseguendo i nostri sogni. Quando nell’accogliere le novità, senza averne una paura paralizzante, passiamo dall’anticipato all’inatteso, dall’impossibile al possibile. Sto alludendo sempre più chiaramente alla “speranza ponte che si innalza al di sopra di ogni situazione, anche delle situazioni senza un’apparente via d’uscita” e “la speranza creatrice che estrae la sua forza dal vuoto, dall’avversità, dall’opposizione”[4]: la speranza cioè da cui scaturisce la virtù della resilienza.
Qualunque fattore di stress o vulnerabilità sia in atto, il sentiero finale comune che conduce una persona verso il suicidio sembra essere costituito da un sentimento di totale perdita di speranza, che comporta una restrizione delle prospettive future e la perdita delle capacità di reagire. Il suicidio viene allora visto come l’unica via d’uscita da una condizione priva di speranza. Nella visione tunnel c’è la percezione di essere in una strettoia, in un vicolo cieco, senza possibilità di scelte o di alternative. “Non ci sono vie d’uscita”. “Non c’era altro che potessi fare”. …”. In questa situazione ci si può sentire totalmente persi, indifesi, inghiottiti. Blowin’ in the dark per parafrasare il titolo di una nota canzone di Bob Dylan. Blowing, che nella traduzione di Mogol, non è soffiati, ma cacciati, spinti “caduti” (o forse ancora di più precipitati) nel buio. E non nel vento, che in queste terribili situazioni, non spira più verso la luce della speranza, ma verso le tenebre della morte. Per questa ragione, una persona che esprime apertamente sentimenti di disperazione o la sua intenzionalità a chiudere la propria esistenza, o che fa intravedere eventuali piani suicidari, deve essere considerato un soggetto ad alto rischio.
Vergogna
Un vissuto che non di rado precede l’atto suicidario o che compare nell’esperienza di chi è sopravvissuto o ha raggiunto l’esito fatale è la vergogna. Nei Sommersi e i salvati, vergogna e colpa si combinano in una mescolanza angosciante: per la “colpa” di essere un “salvato” e per “la consapevolezza di non aver fatto nulla, o non abbastanza, contro quel mondo”. Continua Primo Levi (1986): “Mi sentivo sì innocente, ma intruppato fra i salvati, e perciò alla ricerca permanente di una giustificazione”. Non sempre in modo consapevole, nonostante la sofferenza indicibile non meno pesante era il sentirsi “imputato e giudicato”, spinto a giustificarsi ed a difendersi.” Ed ancora la sua domanda: perché uomini simili a me hanno fatto tutto questo? Essi non erano così lontani da quello che anche io sono. Se loro l’hanno fatto, poiché sono uomini come me, non avrei potuto farlo anch’io? Il senso della colpevolezza, il senso della vergogna: questa domanda radicale era troppo per lui (Belpoliti, 2015). Un richiamo mitico su questo tema: l’Aiace di Sofocle. Aiace si suicida per la vergogna e per la perdita dell’onore. La sua reputazione crolla quando impazzito a causa di un incantesimo lanciatogli da Atena, si lancia contro un gregge di pecore e le massacra, credendo di uccidere Agamennone e Menelao che gli avevano negato le armi di Achille. Rientrato in sé, si rende conto di cosa abbia in realtà fatto: perduto in questo modo l’onore, preferisce suicidarsi piuttosto che continuare a vivere nella vergogna. Si uccide trafiggendosi con la spada che Ettore gli aveva donato alla conclusione del loro duello.
Il suicidio in questi casi diventa l’ultima e unica possibilità di rimediare all’annullamento dell’immagine pubblica di sé stessi: per uscire dalla scena della vita, per non più vedere o essere visti, per cessare finalmente di essere totalmente trasparenti (Ballerini et al. 1990)
Non come fine ma come mezzo
Nei momenti più cupi del dolore mentale la morte non è solo evocata poeticamente “Forse perché della fatal quiete tu sei l’imago a me si chiara vieni o sera”[5]ma ricercata ossessivamente e non tanto come fine, quanto come mezzo ed anche come allontanamento, come fuga, per uscire definitivamente dallo stato di profondo dolore, di tormento intollerabile e di angoscia, di solitudine, talvolta di vergogna ed umiliazione, che il soggetto non è più in grado di rinviare. Una nebulosa di emozioni che Shneidman(1993) ha chiamato con un unico termine “psychache” e Maltsberger (2004) “diluvio affettivo”[6]. In questa fase il mondo perde il suo centro, si distacca, non ha più riferimenti, né rassicuranti e protettivi ancoraggi. In questa dimensione la vita non ha più senso. È solo una nuda vita. Una nuda, “stupida” vita, che non vale più la pena di essere vissuta[7]. E il soggetto vive anche sé stesso come entità inutile ed insignificante. Ma non è mai solo questo, ci sono comunque sempre spazi di apertura da esplorare nell’ambivalenza, nei quali la relazione di fiducia può giocare le sue carte. Anche in fondo al tunnel c’è una via di uscita, che chi soffre non vede, ma chi aiuta deve non solo vedere e riconoscere, ma anche comunicare, nel suo senso etimologico di mettere in comune, condividere, risuonare. Ma per farlo, anche nel suo cuore e nella sua mente deve ospitare la figura della speranza.
Soglia
Esiste una soglia che deve essere oltrepassata per il passaggio all’atto. E la soglia non è un confine stabile e ben definito. In un sistema lontano dall’equilibrio è fluttuante e in continua tensione, in quanto è il luogo di un’interazione dove gli sviluppi di un incontro tra fattori protettivi e fattori precipitanti possono diventare imprevedibili. Spesso è con questi problemi che si opera nell’orlo del caos; insinuarsi in questo ambito può per i curanti risultare determinante per intervenire in modo efficace e tempestivo. In questo caso, al cospetto di un dolore mentale assillante, è importante valutare sia le risorse esterne che interne della persona.[8] Il venir meno di queste risorse e il prevalere invece dei fattori precipitanti ed in particolare l’emergenza di uno stato mentale doloroso ed insopportabile (nato da vergogna, umiliazioni, fallimenti, che si alimenta di isolamento e solitudine, con la frustrazione del bisogno di appartenere e con il non sentirsi connessi in un mondo che viene percepito come incapace di riconoscimento) possono spostare l’intenzione suicidaria decisamente verso l’esito fatale.
Secondo la teoria interpersonale-psicologica del suicidio (IPTS)[9] è tuttavia con la capacità acquisita (la capacità di sopportare la paura della morte) che l’aspirante suicida oltrepassa la soglia critica che lo espone al passaggio all’atto. Comporta l’esposizione agli eventi dolorosi e di sfida o pericolosi, quando il dolore e la paura diventano meno repulsivi e più tollerabili. Si può passare per esempio dai tentativi appena abbozzati, velleitari, che si manifestano sotto forma di atti autolesivi non molto gravi (come tagli superficiali, assunzioni di quantità di farmaci non eccessivamente tossiche, quasi per prendere confidenza con l’idea della morte), ai comportamenti autolesivi con attacchi severi all’integrità del corpo come l’automutilazione, o al parasuicidio che si evidenzia con condotte che espongono in maniera volontaria o involontaria al rischio di morte (guidare ad alta velocità, sport estremi).
La persona fragile, con il venir meno di una risorsa esterna stabilizzante, che può scatenare un diluvio affettivo e condurre al suicidio, può arrivare a prendere una decisione. Decidere è tagliare e non più oscillare nel dubbio (duo-habere) fluttuante dell’ambivalenza (Sérres 1985). È scegliere. E la scelta è come un senso di liberazione. Il momento della decisione può accompagnarsi infatti a un atteggiamento di calma apparente, spesso frainteso anche dalle persone più vicine, che deriva proprio da questo superamento del dilemma, quando l’aver preso una decisione produce un atteggiamento apparentemente più sereno e controllato.
Spiragli
Solo prima di questa decisione è possibile creare spazi di apertura e di condivisione, quando è ancora possibile intravedere varchi percorribili nei meandri dell’ambivalenza. Si tratta di spazi virtuali, che devono essere riempiti con la disponibilità all’ascolto, con la vicinanza, con lo stabilirsi di una relazione di fiducia, con la capacità ad empatizzare con il dolore lacerante, senza piegarsi allo spavento e all’angoscia che la morte evoca, per la presenza nel contesto della relazione di una spada di Damocle vissuta come incombente. Per ascoltare bisogna allora imparare ad ascoltarsi e sentire la musica non sempre armonica e stridente della dissonanza. Per questa ragione non si possono ignorare le emozioni “negative”, che possono entrare nella relazione in forma impulsiva e prorompente. Chi opera a contatto con il dolore mentale della persona disperata non può, a mio parere, agire in totale solitudine. C’è un reale bisogno di condividere anche con altri il peso, di avere dei riferimenti e, se possibile, contare su un servizio integrato ed articolato, che agisca su più livelli e di un’equipe che possa fare da base sicura non solo per la persona in crisi. Non vado oltre però, perché è questo un problema molto complicato ed intricato, che merita di essere approfondito in uno spazio dedicato e che ha bisogno indiscutibilmente di una trattazione specifica.
[1] American Association of Suicidology. Is path warm. Un acronimo che consente un accostamento alla molteplicità: Ideation; Substance abuse; Purposeless; Anxiety; Trapped; Hopelessness; Whithdrawal; Anger; Recklessness; Mood changes.
[2] In un tardo pomeriggio d’agosto quattro mesi dopo aver avuto la sua prima ed unica figlia, Fuani Marino si è buttata dal quarto piano di una palazzina, è volata dall’alto «come un sacco nero» sul marciapiede di una stradina di Pescara. Ma perché è arrivata lassù? Per poi lanciarsi nel vuoto? «Io non ho trovato una risposta al perché del mio gesto, ogni suicidio rimane un mistero individuale […] Non era tristezza, che è un sentimento con cui si può convivere, era totale mancanza di senso […]», confessa l’autrice a Alessandra Sarchi su «la Lettura – Corriere della Sera».
[2] Anche la patologia psichiatrica, seppur influente, da sola non basta: è una condizione necessaria, ma non sufficiente. La sua associazione con il suicidio deve essere letta considerando le complesse relazioni con gli altri fattori di rischio, sia interni che esterni. “C’è anche il suicidio senza follia” ci ricordano Mario Rossi Monti e Alessandra D’Agostino nel loro libro “Il suicidio” (2012)
[3] Anche la patologia psichiatrica, seppur influente, da sola non basta: è una condizione necessaria, ma non sufficiente. La sua associazione con il suicidio deve essere letta considerando le complesse relazioni con gli altri fattori di rischio, sia interni che esterni. “C’è anche il suicidio senza follia” ci ricordano Mario Rossi Monti e Alessandra D’Agostino nel loro libro “Il suicidio” (2012)
[4] Eugenio Borgna riprende da Maria Zambrano (1992) la metafora del ponte e della speranza creatrice nel suo libro “L’attesa e la speranza”.
[5] Sono i primi due versi della poesia di Ugo Foscolo “Alla sera”.
[6] Maltsberger (2004) propone un modello di crollo suicida (suicidal collapse) formato da quattro momenti: il diluvio affettivo, la lotta (per dominare l’inondazione affettiva), la disintegrazione (perdita del controllo), la sopravvivenza grandiosa e rifiuto del corpo, come sopravvivenza in un’altra dimensione. Vedi Pompili (2013).
[7] Questa considerazione è particolarmente vera nelle situazioni di suicidio in carcere. Dice Paradiso: “L’atto autosoppressivo pone l’istituzione di fronte alla propria impotenza, in quanto il detenuto cessa di essere un recluso per affermarsi, attraverso la radicale negatività del gesto, come essere umano. I suicidi rappresentano, pertanto, una forma drammatica e disperata di una comunicazione che non ha trovato risposta. Nel carcere siamo in presenza della “nuda vita”, cioè di individui che nella gran parte dei casi sono titolari solo ed esclusivamente della loro vita, ed è per questo che per comunicare possono arrivare, nei casi estremi, al suicidio.” Paradiso 2011)
[8] Tra le risorse esterne il rapporto con la famiglia e con i figli (“Sui miei figli avrebbe un effetto dannoso”, “La mia famiglia dipende da me ed ha bisogno di me”) o il rapporto nella comunità: sapere se può contare su una rete sociale e sanitaria solida e sul sostegno da parte di persone significative nel suo ambiente (“Gli altri potrebbero pensare che sono un debole ed egoista”). Tra le risorse interne, la capacità di problem solving e di coping, una buona autostima e fiducia in sé stesso o avere obiezioni verso il suicidio per ragioni religiose.
[9] “Appartenenza contrastata”, “onerosità percepita”, “capacità acquisita”, sono tre variabili determinanti per l’attuazione di un tentativo di suicidio letale. L’onerosità percepita consiste nella sensazione di essere un peso e rappresentare per gli altri una responsabilità. Nella IPTS (Interpersonal-psychological theory of suicide in Joiner 2005) l’appartenenza contrasta e l’onerosità percepita, insieme, definiscono il desiderio di suicidio. La terza dimensione, la capacità acquisita, è decisiva per l’esito di un grave comportamento suicidario. (Giampieri et. al., 2013) “La teoria interpersonale-psicologica del suicidio”, in Giampieri E., Clerici M., Il suicidio oggi, Milano, Springer, 2013
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Notes about suicide. The subjective dimension
Annibale Fanali
Suicide: “the only truly serious philosophical problem,” says Camus in the myth of Sisyphus. The starting point of his reasoning is the absurd. Its first sign? “That particular state of mind in which the void becomes eloquent, in which the chain of daily gestures is interrupted and the heart searches in vain for the link that reunites it”. In the existential discontinuity of this experience, suicide takes place which Shneidman (1985) defines as the “conscious self-annihilation” act of an individual who is grappling with the absurdity of his own existence and who perceives suicide as the best solution. But what are the reasons for this absurdity?
Is path warm
There is no single reason. Is path warm[1]. Why suicide? Fuani Marino (2019) asked it in one of his recent novels[2], in which he recounts his direct experience in close and direct contact with death. The reasons are manifold. Suicide is a complex state of multidimensional malaise in the sense that biological, biochemical, sociocultural, sociological, interpersonal, intrapsychic, philosophical and existential aspects participate in it. Mann (2003) in a biopsychosocial perspective, takes into consideration both distal factors such as genetic profile, experiences of the early stages of life, neurobiological disorders and personality characteristics, as well as proximal factors, such as traumatic events, psychiatric disorders and environmental and social factors. The properties that each of these dimensions highlights, however, cannot be reduced to each other if considered in isolation, but considered as an emerging quality of their being part of an integrated and complex network of levels.
Therefore, the “post hoc propter hoc” does not apply to suicide. Reductionism[3] is not worth it. This is so true that very often the only way to approach the complexity of this act to understand its reasons is to try to reconstruct a posteriori or, when possible, listen to the direct testimonies of those who for some reason managed to escape the fatal event. By interviewing the doctors who treated him, the agents, family members, friends. Focusing on the person’s past, on psychiatric or psychological data, on social or economic problems. But despite this, doubt can always remain, the mystery.
“When the void becomes eloquent”
In “Little suicides among friends” Arto Paasilinna (2006) says: “suicide is such an intimate affair that it requires absolute tranquility … suicide does not accept relationality.” It requires separation, detachment, isolation, a “safety” distance. When “the void becomes eloquent” even the word is lost, it is a lost word, which can no longer meet the words of others in dialogue. It becomes a monological, authoritarian (which imposes itself), dogmatic (which does not accept being questioned), hidden (which does not make itself heard), heavy (which has lost all its lightness) word. Oppressive, dismal and frozen: “the naked corpse of the word” (Bakhtin, 1979). It is however decided and imperative. In this climate, the idea of impending suicide appears as a private, personal, intimate matter. An idea without outlets, a text without the “with”. But one must never resign oneself to inevitability. In “the dark side of the moon” there is always a side of light to explore, glares to peer into. This is why there is always a need to investigate dark places, so that they are a little less so.
Ambivalence
Help in this regard can come from ambivalence. Ambivalence allows what is most internal and closed, what is most secret, to open up to sharing and to cross the border of the cage that mental pain produces. By penetrating the meanders of ambivalence, although always present, it is possible to encounter the presence of otherness. Because in the end death frightens even those who strongly desire it. The ambivalence is in the contrast, not entirely real because the two terms are however complementary and recursive, oscillating the thought between the desire to die and the fear of dying (which the sufferer would like to remove), between the nostalgia for suicide and the anguish of death. We can see ambivalence in the sense of relief after a suicide attempt or in a missed suicide.
Despair
Deeply imbued with ambivalence is the sense of despair, a feeling that always accompanies suicide. “Whoever kills himself, says Leopardi in the Zibaldone, is not truly hopeless … Every moment is a thought, and so in every moment an act of desire, and also an act of hope”. The theme of despair is recurring in the poems of another great poet. In Spleen Baudelaire he describes the experience of hope that cries in despair: “When the low and heavy sky weighs like a lid on the spirit that groans in the grip of long troubles, and pours, embracing the entire turn of the horizon, one day sadder black than the night; when the earth is transformed into a damp prison where Hope, like a bat, hits its timid wing against the walls and beats its head on rotten ceilings … hope cries and the atrocious despotic anguish plants its black on my skull banner. “
Without hope, the world loses its vitality and continuity, its vital impetus; the effort of living expands painfully and life crystallizes in the inner torment closing in the prison of anguish. A term that derives from distress, angstm, something indefinite, which oppresses and closes existence within a cage with rigid boundaries. A cage that with sadness turns to a dark and opaque gray, and that prevents the gaze from opening. There are no reflections, no flashes of light in this world. As in the dark of a forest without clearings, there is no light (Zambrano, 2004).
Hope is the feeling that gives us strength when driven by curiosity, with the hermetic wings of exploration we go beyond the boundaries of the known, while we are chasing our dreams. When in welcoming the news, without having a paralyzing fear, we go from the anticipated to the unexpected, from the impossible to the possible. I am alluding more and more clearly to the “bridge hope that rises above every situation, even situations without an apparent way out” and “the creative hope that extracts its strength from emptiness, from adversity, from opposition “: the hope that gives rise to the virtue of resilience.
Whatever stressor or vulnerability factor is in place, the common final path that leads a person to suicide appears to be a feeling of total loss of hope, which leads to a restriction of future prospects and the loss of the ability to react. Suicide is then seen as the only way out of a hopeless condition. In the tunnel vision there is the perception of being in a narrow passage, in a dead end, with no possibility of choices or alternatives. “There are no ways out.” “There was nothing else I could do.” … “. In this situation one can feel totally lost, defenseless, swallowed. Blowin ‘in the dark to paraphrase the title of a well-known song by Bob Dylan. Blowing, which in the translation of Mogol, is not blown, but hunted pushed “fallen” (or perhaps even more precipitated) into the dark. And not in the wind, which in these terrible situations, no longer breathes towards the light of hope, but towards the darkness of death. For this reason, a person who openly expresses feelings of despair or his intentionality to close his own existence, or which suggests any suicidal plans, must be considered a subject at high risk.
Shame
A life that often precedes the suicide act or that appears in the experience of those who survived or achieved the fatal outcome is shame. In the Submerged and the saved, shame and guilt are combined in an agonizing mixture: for the “guilt” of being a “saved” and for “the awareness of not having done anything, or not enough, against that world”. Primo Levi (1986) continues: “I felt so innocent, but trapped among the saved, and therefore in a permanent search for justification”. Not always in a conscious way, despite the unspeakable suffering no less heavy was feeling “accused and judged”, driven to justify and defend himself. ” And again his question: why have men like me done all this? They weren’t so far from what I am too. If they did it, because they are men like me, couldn’t I have done it too? The sense of guilt, the sense of shame: this radical question was too much for him (Belpoliti, 2015). A mythical reference on this theme: Sophocles’ Ajax. Ajax commits suicide for shame and loss of honor. His reputation collapses when mad due to a spell cast by Athena, he launches himself against a flock of sheep and massacres, believing to kill Agamemnon and Menelaus who had denied him the weapons of Achilles. Returning to himself, he realizes what he has actually done: having lost his honor in this way, he prefers to commit suicide rather than continue to live in shame. He kills himself by stabbing himself with the sword that Hector had given him at the end of their duel.
In these cases, suicide becomes the last and only possibility of remedying the cancellation of the public image of oneself: to leave the scene of life, to no longer see or be seen, to finally cease to be totally transparent (Ballerini et al. 1990)
Not as an end but as a means
In the darkest moments of mental pain, death is not only poetically evoked “Maybe because of the fatal quiet you are the image I am clear come or evening” but obsessively sought and not so much as an end, as a means and also as a departure, as an escape, to get out of the state of deep pain, intolerable torment and anguish, of solitude, sometimes of shame and humiliation, which the subject is no longer able to postpone. A nebula of emotions that Shneidman (1993) called with a single term “psychache” and Maltsberger (2004) “affective flood”[4]. In this phase the world loses its center, detaches itself, has no more references, nor reassuring and protective anchors. In this dimension, life no longer makes sense. It’s just a bare life[5]. A naked, “stupid” life, which is no longer worth living. And the subject also lives himself as a useless and insignificant entity. But it is never only this, however there are always open spaces to explore in ambivalence, in which the relationship of trust can play its cards. Even at the bottom of the tunnel there is a way out, which those who suffer do not see, but those who help must not only see and recognize, but also communicate, in its etymological sense of sharing, sharing, resonating. But to do this, even in his heart and in his mind he must host the figure of hope.
Threshold
There is a threshold that must be crossed for the passage to the act. And the threshold is not a stable and well-defined border. In a system far from equilibrium it is floating and in constant tension, as it is the place of an interaction where the developments of a meeting between protective factors and precipitating factors can become unpredictable. It is often with these problems that we operate on the brink of chaos; creeping into this area can be a determining factor for carers to intervene effectively and promptly. In this case, in the face of a nagging mental pain, it is important to evaluate both the external and internal resources of the person[6]. The fading of these resources and the prevalence of precipitating factors and in particular the emergence of a painful and unbearable mental state (born of shame, humiliations, failures, which feeds on isolation and solitude, with the frustration of the need to belong and by not feeling connected in a world that is perceived as incapable of recognition) they can move the suicidal intention decisively towards the fatal outcome.
According to the interpersonal-psychological theory of suicide (IPTS)[7], however, it is with the acquired ability (the ability to withstand the fear of death) that the suicidal aspirant crosses the critical threshold that exposes him to the transition to the act. It involves exposure to painful and challenging or dangerous events, when pain and fear become less repulsive and more tolerable. One can for example pass from the attempts just sketched, unrealistic, which manifest themselves in the form of not very serious self-injurious acts (such as superficial cuts, assumptions of quantities of not excessively toxic drugs, almost to become familiar with the idea of death), to self-injurious behaviors with severe attacks on the integrity of the body such as self-mutilation, or parasuicide that occurs with behaviors that voluntarily or involuntarily expose you to the risk of death (driving at high speed, extreme sports).
The fragile person, with the loss of a stabilizing external resource, which can trigger an emotional flood and lead to suicide, can make a decision. To decide is to cut and no longer swing in the doubtful (duo-habere) floating of ambivalence (Sérres 1985). It is choosing. And the choice is like a sense of liberation. The moment of the decision can in fact be accompanied by an attitude of apparent calm, often misunderstood even by the closest people, which derives precisely from this overcoming of the dilemma, when making a decision produces an apparently more serene and controlled attitude.
Glimmers
Only before this decision is it possible to create spaces for openness and sharing, when it is still possible to glimpse passages through the maze of ambivalence. These are virtual spaces, which must be filled with the willingness to listen, with closeness, with the establishment of a relationship of trust, with the ability to empathize with the lacerating pain, without giving in to the fear and anguish that death evokes, for the presence in the context of the relationship of a sword of Damocles lived as impending. In order to listen, one must therefore learn to listen and hear the music that is not always harmonious and strident with dissonance. For this reason, “negative” emotions cannot be ignored, which can enter the relationship in an impulsive and bursting form. Those who work in contact with the mental pain of the desperate person cannot, in my opinion, act in total solitude. There is a real need to share the weight with others, to have references and, if possible, to rely on an integrated and articulated service, which acts on several levels and a team that can act as a secure basis not only for the person in crisis. I don’t go further though, because this is a very complicated and intricate problem, which deserves to be explored in a dedicated space and which unquestionably needs a specific treatment.
[1] American Association of Suicidology. Is path warm. Un acronimo che consente un accostamento alla molteplicità: Ideation; Substance abuse; Purposeless; Anxiety; Trapped; Hopelessness; Whithdrawal; Anger; Recklessness; Mood changes.
[2] In one late August afternoon four months after having her first and only daughter, Fuani Marino threw herself from the fourth floor of a building, flew from above “like a black bag” onto the sidewalk of a Pescara street. But why did it get up there? To then jump into the void? “I have not found an answer to the reason for my gesture, every murder remains an individual mystery […] It was not sadness, which is a feeling you can live with, it was a total lack of meaning […] », The author confesses to Alessandra Sarchi in« la Lettura – Corriere della Sera ».
[3] Even psychiatric pathology, albeit influential, alone is not enough: it is a necessary condition, but not sufficient. Its association with suicide must be read by considering the complex relationships with other risk factors, both internal and external.
[4] Maltsberger (2004) proposes a model of suicidal collapse consisting of four moments: the emotional deluge, the struggle (to dominate the affective flood), disintegration (loss of control), grandiose survival and rejection of the body, as survival in another dimension. See Pompili (2013).
[5] This consideration is particularly true in prison suicide situations. Paradiso says: “The self-suppressive act confronts the institution with its own impotence, as the inmate ceases to be a recluse to assert himself, through the radical negativity of the gesture, as a human being. Suicides therefore represent a dramatic and desperate form of a communication that has not found an answer. In prison we are in the presence of “bare life”, that is, of individuals who in most cases are owners of their life only and exclusively, and that is why in order to communicate they can reach suicide in extreme cases. ” Paradise 2011
[6] External resources include the relationship with family and children (“It would have a harmful effect on my children”, “My family depends on me and needs me”) or the relationship in the community: to know if you can count on a solid social and health network and support from significant people in his or her environment (“Others may think I am weak and selfish”). Internal resources include problem solving and coping skills, good self-esteem and trust in himself or have objections to suicide for religious reasons.
[7] “Belonging opposed”, “perceived burden”, “acquired ability”, are three determining variables for the implementation of a lethal suicide attempt. The perceived burden consists in the feeling of being a burden and representing a responsibility for others. In the IPTS (Interpersonal-psychological theory of suicide in Joiner 2005) belonging contrasts and the perceived burden, together, define the desire for suicide. The third dimension, the acquired ability, is decisive for the outcome of a serious suicidal behavior.
Riferimenti bibliografici
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Levi Primo, I sommersi e i salvati, Torino, Einaudi, 1986
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Pompili Maurizio, Giraldi Paolo, Manuale di suicidologia, Pisa, Pacini, 2015
Pompili Maurizio, La prevenzione del suicidio, Bologna, Il Mulino, 2013
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Shneidman E.S., Suicide as Psychache: A Clinical Approach to Self-Destructive Behaviour, Jason Aronson, Northvale, 1993.
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