par Thémélis Diamantis
(FRA/ITA – versione italiana in fondo)
Voilà une question qu’Œdipe se serait certainement posée, à la fin de Œdipe Roi, en découvrant qu’il avait directement tué son père et conçu quatre enfants avec sa mère.
S’il ne l’a pas fait, c’est sans doute pour mieux nous laisser la liberté de nous poser cette question à sa place, ou, plus précisément dit, parce que Sophocle a mis en scène un personnage et créé une fiction, offrant matière à réflexion au public et aux lecteurs de son œuvre. La tragédie ne décrit pas des faits qui se seraient produits ; elle relate une fiction capable de susciter chez les spectateurs et les lecteurs, comme Aristote en a justement décrit le principe, une catharsis sous l’effet de l’identification empathique aux personnages du drame et des mouvements d’affects que l’intrigue théâtrale suscite en nous. Il est des plans, sur lesquels la résonance intime que produisent les récits instruit davantage que l’appréhension objective de certains faits.
La relecture freudienne du mythe d’Œdipe, des siècles plus tard, ne change rien à ce qui précède. À la place d’un Destin implacable, fruit des volontés divines, Freud voyait un destin des pulsions humaines et une organisation psychique caractéristique des sujets atteints de névroses. La référence au personnage d’Œdipe, chez Sophocle comme pour Freud, reste cependant la même : le mythe est un miroir dans lequel un public apprend à s’interroger et à se (re-)connaître.
La réception intime de tels récits produirait donc – dans un temps de l’après… – une forme de réverbération réflexive, laquelle deviendrait prioritaire sur toute factualité objective des actes commis ou pouvant l’être un jour : Sophocle a écrit une pièce de théâtre (il n’a pas rédigé un Rapport de Police…) ; quant aux personnes réelles susceptibles de commettre à la fois l’inceste avec leur mère et le parricide, elles représentent, d’un point de vue statistique et pour user d’un euphémisme, une minorité anecdotique au regard de celles que cette thématique fascine hors de toute expérience propre ou de tout passage à l’acte hypothétique.
Quel rapport, me direz-vous, tout cela entretient-il avec la pandémie de Covid-19 ? Il se résume à une seule question : peut-on porter sur l’épidémie de Coronavirus un regard analogue à celui dont je viens de faire état au sujet du personnage d’Œdipe ? Autrement dit, aurait-on, sur la question de l’après-Covid, avantage à traiter les faits pandémiques et leurs conséquences médicales et sociétales à la manière d’une fiction ?
La première réaction serait évidemment de dire non, car si Œdipe, pour reprendre cet exemple, n’est jamais mort – faute d’avoir vraiment vécu ! – la Covid, elle, n’a produit que trop de décès à travers le monde. Le virus est aussi réel que les dommages qu’il provoque sont vrais. Et pourtant, je pense que c’est en retirant les enseignements du mythe qu’on trouvera, sur le plan social et humain, les solutions aux problèmes que la réalité pandémique impose dans nos vies, évidemment pas en traitant simplement une réalité comme une fiction (comme si elle n’existait pas ou seulement à la manière d’un conte, d’un mythe ou d’un roman…cette approche navrante étant d’ailleurs celle qu’emploient les divers mouvements complotistes), mais en utilisant ce que la fiction artistique partage au mieux avec la psychanalyse, à savoir un intérêt privilégié sur la question du discours, des représentations (et des affects qu’elles engagent ou suscitent) plutôt que sur les seuls faits, entendus dans leur réalité brute ou intrinsèque. Je défendrai l’idée que la narration – quand bien même celle-ci porterait sur des faits, comme dans le cas d’une pandémie – se prête à une lecture d’autant plus instructive qu’elle alimente la réflexivité critique de ceux qui l’effectuent. La narration nous conduit à voir les choses de l’intérieur ; le récit nous implique dans le monde, là où les faits nous invitent à les regarder de l’extérieur, à la manière de simples spectateurs. Cette différence de regard serait également celle, pour prendre un exemple différent, entre Monet et un botaniste face à des nymphéas dans un étang : pour l’un, l’important réside dans la manière de traduire ce qu’il voit ; pour l’autre c’est d’être aussi précis que possible dans la description factuelle de ce qu’il observe.
Sur cette question de la lecture des faits et des récits, revenons brièvement à Œdipe, afin de pointer cette fois une différence entre Sophocle et Freud : pour le premier, Œdipe ne peut pas se soustraire à son Destin : l’oracle de Delphes l’avait annoncé à ses parents ; des années plus tard, Œdipe l’a à son tour entendu de la même source, et c’est en voulant fuir le sort terrible qui lui était prédit qu’il va, à son insu, en provoquer l’avènement. Après…c’était trop tard pour Œdipe. La découverte du caractère grave et irréversible des faits dont il s’était rendu l’auteur lui interdisait toute élaboration psychique portant sur eux, toute lecture subjective a posteriori ou toute appréciation intime de ces derniers, ne laissant place qu’à l’effroi, à la sidération et aux sentiments de culpabilité et d’horreur. La raison en est que Œdipe, bien qu’étant l’auteur des actions rendues publiques, vit la révélation de leur contenu sur le mode d’un traumatisme, à la manière d’un acte violent qui lui est imposé du dehors, une contrainte à laquelle il ne peut échapper. Son corps et sa pensée figés par l’effraction traumatique, il ne peut plus répondre à ses actes passés que par un nouvel acte, en se crevant les yeux. Ne voulant plus voir, il ne peut plus lire ce qui s’est passé…
C’est en cela que la vision de Freud s’écarte de celle des Grecs des temps antiques. Certes, l’humain n’est pas toujours conscient de ses désirs et de leurs objets (la notion d’inconscient ne dit rien d’autre que cela !), mais il est doté de la capacité d’en définir dans l’après-coup (Nachträglichkeit) le sens et d’en tirer des enseignements précieux. Autrement dit, c’est rarement au moment de traverser les situations – même en ayant contribué à les mettre en place – que nous en saisissons forcément au mieux tous les enjeux, la variété de sens qu’elles ont pour nous et les réponses que nous pouvons leur apporter. Dans ce paradigme de la Nachträglichkeit, « après » n’équivaut plus à « trop tard » mais au contraire au moment possible et opportun d’une lecture nécessaire et possiblement féconde.
Que des épidémiologistes et d’autres médecins spécialisés tiennent sur le virus lui-même un discours scientifique – factuel et objectivant – est non seulement légitime mais également compréhensible et souhaitable. Leurs compétences leur confèrent le droit de se prononcer sur des données biologiques et leurs conséquences médicales. De notre côté, nous devons même accorder à ceux-ci le droit de se tromper – parfois – du fait de la complexité et de la nouveauté de l’objet auquel ils font face. Personnellement, je suis de ceux qui comptent sur la science afin de trouver une sortie à la crise sanitaire. Mais la science seule ne suffira pas à dessiner les contours d’un monde d’après la pandémie, car celui-ci comprend tout autant un volet sociétal et psychologique auquel nous sommes (et nous sommes largement majoritaires aux médecins, sur ce plan) appelés à participer. Ce n’est pas en nous improvisant épidémiologistes que nous ferons avancer les choses. Nous pouvons par contre y contribuer, à notre échelle et en premier lieu pour nous-mêmes, en narrativisant la pandémie de Coronavirus, en adoptant sur elle une lecture subjective, intime ou personnelle. Afin de comprendre ce que nous avons vécu et voir ce que nous voulons vivre à l’avenir, nous devons nous en faire le récit. Pour ne pas abandonner au seul Malraux la joie de prophétiser, je dirais ainsi que le temps de notre après-Covid sera individuel et narratif ou ne sera pas…
Plutôt que de la voir comme un Destin à subir, à la manière du héros de la tragédie de Sophocle, nous pouvons appréhender cette question comme un destin sur lequel nous pouvons agir, à condition de ne plus parler de « la » Covid mais de « notre » Covid, c’est-à-dire d’une expérience personnelle dont nous pouvons nous servir comme d’une boussole afin de tracer notre route à venir. Ce serait par exemple la Covid que nous aurions contractée (ou pas), la façon dont elle a impacté (ou non) notre santé ou celle de nos proches, parler de nos morts plus que des morts (lesquels, comme les statistiques, renvoient à des réalités abstraites), de notre confiance (ou non) dans les autorités médicales et politiques, de notre sens des responsabilités et des solidarités collectives – au sein de nos familles et du corps social -, de notre obéissance ou de notre défiance envers l’autorité ou les vaccins, de notre hygiène de vie, de notre rapport – en situation de confinement – à ceux qui partagent notre toit ou à nos amis, de celui au monde du travail, de la culture ou des loisirs, de notre regard sur l’hôpital, l’école, nos aînés et nos voisins, de notre sexualité, de notre violence ou de nos états dépressifs liés à notre statut d’êtres confinés, de notre regard sur la maladie et sur la mort, de nos habitudes de consommation, de production et de déplacement, de notre confort ou de notre inconfort plongés dans un univers technologique omniprésent, bref de notre traversée des années-Covid comme une Odyssée intime au sein de laquelle nous serions à la fois Ulysse et Homère.
Comme en psychanalyse, pour mener à des prises de conscience débouchant sur des changements positifs, le ressenti – dans toute son amplitude intime – doit précéder la compréhension des situations qui le mettent en jeu. On comprend et on retire des enseignements de ce que l’on a personnellement et intimement éprouvé, puis mis en mots et exprimé au sein d’une narration, car cette dernière seule dispose du pouvoir d’organiser les faits en une histoire qui nous en fait voir le sens.
À la différence des solutions scientifiques et politiques qui visent des ensembles de populations, la mise en récit – pour soi et les autres – ne conduit pas à une cartographie générale à l’usage de tous mais à une identification plus fine de nos priorités et des engagements auxquelles elles conduisent. Aucune narration ne dit ce qui doit être fait ; elle raconte une histoire dont ceux qui en prennent connaissance peuvent avoir un usage propre… C’est dans l’horizon de cette liberté que nous parviendrons, je l’espère, à inventer des solutions adaptées à un monde en mouvement, afin de ne pas rester, comme Œdipe, aveugles face aux conséquences de nos actes passés et à venir.
Dopo, è troppo tardi?
di Thémélis Diamantis
Ecco una domanda che sicuramente si sarebbe posta Edipo, alla fine di Edipo Re, quando ha scoperto di aver ucciso suo padre e di aver concepito quattro figli con la madre.
Se non l’ha fatto, è probabilmente per darci la libertà di porci questa domanda al suo posto, o, per meglio dire, perché Sofocle ha messo in scena un personaggio e ha creato una storia, fornendo spunti di riflessione al pubblico e ai suoi lettori. La tragedia, come è noto, non descrive fatti accaduti realmente; si tratta di una finzione capace di suscitare in spettatori e lettori, come giustamente diceva Aristotele, una catarsi sotto l’effetto dell’identificazione empatica con i personaggi e dei sentimenti che la trama suscita in noi. Ci sono livelli in cui l’intima risonanza prodotta dalle storie è più potente della conoscenza oggettiva di certi fatti.
La rilettura freudiana del mito di Edipo, secoli dopo, non ha cambiato nulla. Al posto di un Destino implacabile, frutto della volontà divina, Freud vedeva un destino di pulsioni umane e un’organizzazione psichica caratteristica dei soggetti affetti da nevrosi. Il riferimento al personaggio di Edipo, per Sofocle come per Freud, resta comunque lo stesso: il mito è uno specchio in cui un pubblico impara a interrogarsi e (ri)conoscersi.
Tali storie produrrebbero quindi – in un momento successivo… – una forma di riverbero riflessivo, che prevarrebbe su qualsiasi fattualità oggettiva degli atti commessi o da commettere in futuro: Sofocle ha scritto un’opera teatrale ( non ha redatto un verbale di polizia…); quanto alle persone reali suscettibili di commettere sia l’incesto con la madre che il parricidio, rappresentano, da un punto di vista statistico e per usare un eufemismo, una minoranza aneddotica rispetto a coloro che sono affascinati da questo tema al di fuori di ogni propria esperienza o ogni ipotetico passaggio all’atto.
Che rapporto ha tutto questo con la pandemia da Covid-19? Poniamoci allora queste domande : esiste un’analogia tra l’epidemia di Coronavirus e il personaggio di Edipo? In altre parole, possiamo trattare i fatti della pandemia e le loro conseguenze mediche e sociali come se fossero solo una finzione?
La prima reazione sarebbe ovviamente di dire di no, perché se Edipo, per usare questo esempio, non è mai morto – perchè non è mai vissuto davvero! – il Covid, ha prodotto troppi morti in giro per il mondo. Il virus è reale quanto è reale il danno che provoca. Tutavia, penso che cogliendo la lezione del mito troveremo, a livello sociale e umano, delle soluzioni ai problemi che la realtà pandemica impone alle nostre vite, ovviamente non semplicemente trattando una realtà come una finzione ( come se non esistesse o solamente come se fosse un racconto, un mito o un romanzo…questo approccio penoso è d’altronde quello che utilizzano i movimenti complottisti), ma utilizzando ciò che la finzione artistica condivide al meglio con la psicanalisi, cioè un interesse privilegiato sul discorso, le rappresentazioni (e degli affetti che coinvolgono o suscitano) piuttosto che sui semplici fatti, intesi nella loro realtà cruda o intrinseca. Difenderò l’idea che la narrazione – anche se relativa a fatti, come nel caso di una pandemia – si presti a una lettura tanto più istruttiva in quanto alimenta la riflessività critica di chi la legge. La narrazione ci porta a vedere le cose dall’interno; la storia ci coinvolge nel mondo, dove i fatti ci invitano a guardarli dall’esterno, come semplici spettatori. Questa differenza di sguardo sarebbe anche quella, per fare un esempio diverso, tra Monet e un botanico di fronte alle ninfee in uno stagno: per l’uno, l’importante sta nel modo di tradurre ciò che vede; l’altro deve essere il più preciso possibile nella descrizione fattuale di ciò che osserva.
Su questa questione della lettura di fatti e storie, torniamo brevemente a Edipo, per evidenziare questa volta una differenza tra Sofocle e Freud: per il primo, Edipo non può sottrarsi al suo Destino: l’oracolo di Delfi l’aveva annunciato ai suoi genitori; anni dopo, Edipo a sua volta l’ha sentito dalla stessa fonte, e, volendo sfuggire al terribile destino che gli era stato predetto, inconsapevolmente, lo compirà. Dopo… era troppo tardi per Edipo. La scoperta della gravità e dell’irreversibilità dei fatti di cui era divenuto autore gli vietava ogni elaborazione psichica, ogni lettura soggettiva a posteriori o ogni intimo apprezzamento, per lasciare spazio solo al timore, allo smarrimento e sentimenti di colpa e orrore. Il motivo è che Edipo, pur essendo l’autore delle azioni rese pubbliche, vive la rivelazione del loro contenuto nella modalità di un trauma, come un atto violento impostogli dall’esterno, una costrizione a cui non può sottrarsi. Con il corpo e la mente congelati dall’irruzione traumatica, non può più rispondere ai suoi atti passati se non con un atto nuovo, cavandosi gli occhi. Non volendo più vedere, non riesce più a leggere cosa è successo…
È qui che la visione di Freud differisce da quella degli antichi greci. Certo, gli esseri umani non sono sempre consapevoli dei loro desideri e dei loro oggetti (la nozione di inconscio non dice altro!), ma sono dotati della capacità di definirne in seguito (Nachträglichkeit) il significato e di trarne preziose lezioni. In altre parole, è raro che attraversando situazioni – pur avendo contribuito a configurarle – ne cogliamo necessariamente al meglio tutte le questioni, la varietà di significati che esse hanno per noi e le risposte che possiamo dare. In questo paradigma della Nachträglichkeit, “dopo” non equivale più a “troppo tardi”, ma al contrario al momento possibile e opportuno di una lettura necessaria e possibilmente fruttuosa.
Che epidemiologi e altri medici specializzati tengano un discorso scientifico sul virus stesso – fattuale e oggettivante – non è solo legittimo ma anche comprensibile e auspicabile. Le loro competenze danno loro il diritto di commentare i dati biologici e le loro conseguenze mediche. Da parte nostra, dobbiamo anche concedere loro il diritto di sbagliare – a volte – per la complessità e la novità dell’oggetto con cui hanno a che fare. Personalmente, sono uno di quelli che si affidano alla scienza per trovare una via d’uscita dalla crisi sanitaria. Ma la scienza da sola non basterà a tracciare i contorni di un mondo post-pandemico, perché include altrettanto un aspetto sociale e psicologico a cui siamo (e siamo una grande maggioranza rispetto ai medici, a questo livello) chiamati a partecipare. Non è improvvisandoci epidemiologi che riusciremo a fare andare avanti le cose. D’altra parte, possiamo contribuirvi, a nostra misura e prima di tutto per noi stessi, narrativizzando la pandemia di Coronavirus, adottandone una lettura soggettiva, intima o personale. Per capire cosa abbiamo passato e vedere cosa vogliamo vivere in futuro, dobbiamo raccontarci questa storia. Per non lasciare solo a Malraux la gioia di profetizzare, direi che il tempo del nostro periodo post-Covid sarà individuale e narrativo oppure non ci sarà…
Piuttosto che vederlo come un Destino da patire, come l’eroe della tragedia di Sofocle, possiamo avvicinarci a questa domanda come a un destino su cui agire, a patto che non si parli più del “Covid” ma del “nostro” Covid , vale a dire un’esperienza personale che possiamo usare come bussola per tracciare il nostro corso futuro. Come, ad esempio, il Covid che abbiamo contratto (o meno), il modo in cui ha influito (o meno) sulla nostra salute o su quella dei nostri cari, parlare dei nostri morti più che dei decessi (che, come le statistiche , fanno riferimento a realtà astratte), della nostra fiducia (o meno) nelle autorità mediche e politiche, del nostro senso di responsabilità e solidarietà collettiva – all’interno delle nostre famiglie e della società -, della nostra obbedienza o la nostra sfiducia nell’autorità o nei vaccini, del nostro stile di vita, del nostro rapporto – in una situazione di reclusione – con coloro che condividono il nostro tetto o con i nostri amici, da quello al mondo del lavoro, della cultura o del tempo libero, della nostra visione dell’ospedale, della scuola, dei nostri anziani e del nostro prossimo, della nostra sessualità, della nostra violenza o dei nostri stati depressivi legati al nostro status di confinati, la nostra visione della malattia e della morte, le nostre abitudini di consumo, di produzione e di spostamento, il nostro benessere o il nostro disagio immerso in un universo tecnologico onnipresente, insomma del nostro attraversare gli anni del Covid come un’odissea intima in cui siamo stati sia Ulisse che Omero.
Come in psicoanalisi, per condurre alla consapevolezza che porti a cambiamenti positivi, ciò che proviamo – in tutta la sua intima ampiezza – deve precedere la comprensione delle situazioni che lo mettono in gioco. Comprendiamo e traiamo lezioni da ciò che abbiamo vissuto personalmente e intimamente, successivamente espresso in parole all’interno di una narrazione, perché solo quest’ultima ha il potere di organizzare i fatti in una storia che ce ne faccia vedere il significato.
A differenza delle soluzioni scientifiche e politiche che prendono di mira gruppi di popolazioni, lo storytelling – per sé e per gli altri – non porta a una mappa generale utilizzabile da tutti, ma a un’identificazione più dettagliata delle nostre priorità e degli impegni a cui conducono. Nessuna narrazione dice cosa deve essere fatto; racconta una storia che chi ne viene a conoscenza può utilizzare per i propri scopi… È nell’orizzonte di questa libertà che riusciremo, spero, a inventare soluzioni adatte a un mondo che cambia, per non restare , come Edipo, ciechi alle conseguenze dei nostri atti passati e futuri.