EXAGERE RIVISTA - Luglio - Agosto - Settembre 2024, n. 7-8-9 anno IX - ISSN 2531-7334

La damnation de Faust : une dualité en questions

de Pascal Neveu

(versione italiana in fondo)

Même si ce titre semble certes alléchant, il s’avère plus complexe que tout premier ressenti… et qui se révéle dépasser un premier degré de compréhension…

Il me paraît préalablement nécessaire de prévenir que cet écrit porte uniquement sur le Faust 1 de Goethe et relève davantage d’interrogations que d’affirmations… et d’échanges avec plusieurs amis.

Permettez-moi dans un premier temps de vous en raconter la genèse.

En pensant le sujet de ce numéro, j’ai immédiatement vu l’image de Rome, la ville au sein de laquelle je replonge inconditionnellement pour m’isoler, pour penser l’être et sans doute pour la cité du Vatican… la ville de référence des démons… Mais aussi d’un autre côté l’opéra, également mon “Eglise”.

L’histoire fait les hommes et les choses… Il y a quelques années, un soir de 4 juillet je vais voir et écouter une représentation de la Damnation de Faust.

La musique et les voix exceptionnelles d’un côté, la mise en scène éblouissante d’un autre… mais surtout le sujet qui me parle depuis des années à travers un personnage fascinant : Méphisto.

Méphisto, je le connais, je le ressens, il m’interpelle, il vit en moi, il m’amuse depuis ma tendre enfance… Le registre des diableries est une passion, et je me livre d’ailleurs à quelque collection sur ce thème.

Permettez-moi de citer, de manière non exhaustive, quelques œuvres qui abordent et reprennent ce thème : des romans (Faust par Goethe, Le Maître et Marguerite de Boulgakov…), des opéras (Faust de Gounod, La Damnation de Faust de Berlioz, Mefistofele de Boïto, Doktor Faustus de Dusapin…), ou encore des films (La diable au corps de René Clair, Marguerite de la nuit de Claude Autant Lara…) 

Ce soir là, durant et après la représentation, j’ai ressenti qu’il me fallait parler de Faust, de Méphisto. Plus précisément, j’ai compris la nécessité et l’utilité de replonger dans mes ressentis qui venaient d’être réveillés par cette représentation.

L’identification était trop forte, la mise en résonance trop profonde pour laisser échapper ce que je découvrais ce soir là, j’allais déterrer et apprendre plus tard en travaillant sur ce thème.

Afin de planter le décor, permettez-moi, dans un premier temps, de vous résumer très brièvement l’intrigue.

Le docteur Faust, éminent savant, déplore la vanité de son savoir. Alors qu’il envisage le suicide, Méphistophélès lui apparaît, autorisé par le seigneur à le tenter. C’est jour de Pâques, et Faust est immédiatement conquis par ce curieux personnage dont il ne connaît pas l’identité. Il signe avec lui un pacte initiatique et se lance dans une série de voyages et d’aventures à travers le monde. Dans une taverne où séjournent des êtres relevant de la bestialité, il voit dans un miroir le visage d’une femme, Marguerite, dont il tombe immédiatement amoureux. Marguerite est sainte, vierge, pure et naïve. Faust demande alors à Méphisto de participer à sa conquête. Après quelques aventures, on apprend qu’un enfant est né de cette liaison et Marguerite, abandonnée par Faust est emprisonnée pour infanticide. Faust demande alors à Méphisto de la sauver, de l’enlever de sa geôle. Ils n’y parviennent pas et Marguerite meurt. Elle est néanmoins sauvée par le Seigneur tandis que Faust appartient à Méphisto.

Ce qui m’a frappé ce soir là, et un peu plus tard, en replongeant dans la lecture de Goethe, c’est une remémoration, une introspection analytique.

Tout en écoutant le diable faire ses vocalises, Faust nous renvoie directement à un lieu de réflexion.

La damnation de Faust,  nous pouvons tous l’avoir vécue… ce jour où pensant notre mort, notre finitude, bientôt mourir, nous rédigeons un testament philosophique, pacte satanique qui ouvre une voie initiatique, très symbolique.….

Je me permettrai d’aborder dans un premier temps le couple Faust/Méphisto, la dyade du contraste, avant d’aborder l’autre couple Faust/Marguerite, la dyade de la révélation, pour poser le problème de l’union des 3 personnages Faust, Méphisto et Maguerite, dans un questionnement sur les liens qui les unissent, les opposent et les font converger vers un message tr§s profond.

I- Faust et Méphisto : un couple ésotérique

Parler du couple Faust et Méphisto peut paraître chose facile.

La dualité, l’opposition des deux personnages me fait penser immédiatement au blanc et au noir.

Opposition entre un supposé Bien représenté par Faust et le Mal incarné par Méphisto, affrontement entre la Lumière et l’Ombre, contraste entre notre partie humaine et notre pôle animal… 

Elle nous parle par son inquiétante étrangeté. Or, rien ne laisse supposer que Faust est l’image de la lumière, du bien, du blanc… 

Sans doute, nous le verrons, Marguerite s’en rapprocherait davantage.

L’analyse de l’œuvre nous fait découvrir un aspect intéressant : Faust et Méphisto sont le même personnage, en tout cas jouent à être des identiques. A deux reprises, ils échangent même leur identité.

De fait, une fois le pacte signé, Faust et Méphisto ne forment plus qu’un, ils changent d’identité, ils s’enlacent même. Et l’écolier qui vient chercher la science auprès de Faust est reçu par Méphisto qui se joue de lui.

Faust et Méphisto ne me semblent pas incarner qu’une symbolique binaire, deux êtres opposés qui ne forment qu’un tout.

Repensons au rôle, à la fonction de Méphisto.

Certes Méphisto est celui qui haït la lumière. Mais il clame également à Faust “Je suis une partie de cette force qui tantôt veut le mal, et tantôt fait le bien.” Il ajoute “Je suis l’esprit qui toujours nie; et c’est avec justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit.”. Puis il complète “Je suis une partie de la partie qui existait au commencement de tout, une partie de cette obscurité qui donna naissance à la lumière, la lumière orgueilleuse, qui maintenant dispute à sa mère la Nuit son rang antique et l’espace qu’elle occupait.”

Autrement dit, Méphisto incarnerait un ensemble de symboles : il n’est pas que mal et destruction. Il se dit également être source de lumière. Il peut également être autre chose, une autre voie…

Méphisto et Faust semblent forment un couple harmonique qui s’autoféconde et dont on attend l’accouchement…

Revenons à Faust.

Au début de l’ouvrage, Faust, tel un candide, contaminé par sa science, est en quête de réflexions sur la nature humaine, il est en quête de remises en cause. Faust est à la fois le profane, mais reste enfermé dans la rigidité de son savoir, mais qui, aidé par la rigueur propre à l’ordre, l’amènera à la connaissance.

De ce couple Faust-Méphisto, plusieurs caractéristiques semblent ressortir. N’oublions pas que Goethe était Franc-Maçon, et cela semble ressortir tout au lon de son oeuvre.

Mort et Initiation

C’est au moment où Faust va avaler son poison que Méphisto lui apparaît, ayant frappé 3 coups à la porte. Ce passage est par ailleurs fortement marqué par le symbole du pentagramme dessiné à terre.

Je ne peux m’attarder sur ce pentagramme, mais c’est là une symbolique puissante dans l’œuvre de Goethe.

Méphisto ne peut ressortir de la pièce en franchissant le pentagramme droit alors qu’il est entré en franchissant ce même pentagramme inversé.

Goethe énonce que même l’enfer a ses lois : “Le premier acte est libre en nous ; nous sommes esclaves du second” dit Méphisto.

Faust et Méphisto sont tous deux aliénés à un pacte. Mais il y a également pacte entre le Seigneur et Méphisto !

Je l’annonçais, mort et initiation… mort et renaissance…

La mort est présente dès le début. Elle initie la rencontre Faust/Méphisto. C’est au moment de sa tentative de suicide que les voies du seigneur lui sont révélées. Par le son des cloches de Pâques, la résurrection est manifeste.

Mort et renaissance sont donc présentes. Faust renaît dès l’apparition de Méphisto. 

Le pacte que Faust signe avec Méphisto ressemble symboliquement au testament philosophique, brûlé par le feu et la lumière ardente, sorte de “purification”, de révélation de l’âme. 

Faust qualifie son savoir comme issu de ses ancêtres, d’un héritage lourd. 

Tout invite Faust, en contact avec Méphisto à se lancer dans une introspection.

Le cabinet d’étude de Faust est déjà un temple en soi : Goethe n’hésite pas à mentionner “Au commencement était la force ! Au commencement était l’action”… Les colonnes du Temple de Salomon, Jakin et Boaz sont explicitement citées dans son œuvre. “Construis-toi toi même” va-t-il jusqu’à dire. 

Faust ne peut donc qu’adhérer au pacte de Méphisto. Il accepte les voyages initiatiques dans des mondes divers : des caves, des grottes, éclairées par la lune “afin de ne pas être aveuglé” comme l’écrit Goethe.

D’ailleurs lors du premier voyage, Faust cloche d’un pied, comme l’initié dépossédé de sa chaussure lors de son entrée dans le temple maçonnique.

De ces différents éléments,  peut-on prétendre que Méphisto initie Faust ? Peut-on affirmer que Goethe évoque le rite initiatique ?

Lumière

La lumière est également un symbole très présent dans la prose de Goethe.

Cette lumière et détenue par le seigneur qui clame que Faust le cherche dans le ciel, mais enfermé dans une obscurité. Il veut l’amener à la lumière, et pour cela demande à Méphisto de le tenter, de l’ouvrir. Le cabinet de Faust est d’ailleurs très peu éclairé. 

Méphisto le prévient : “N’attends pas la pleine lumière, la lumière au triple éclat”… elle ne pourra lui être révélée que plus tard. 

Est-ce à penser que Faust incarne, porte un statut d’impétrant mais également d’initié ?

Méphisto et Faust, en leur “association” créent un doute. 

Méphisto apporte une lumière à Faust : plus précisément, il l’illumine !…

Méphisto porterait donc la valeur d’une lumière… mais laquelle ?

La Lune ne l’éclaire pas suffisamment… le sabbat résonne et raisonne dans sa tête…

J’ai évoqué la 2ème lumière, et si Méphisto incarnait une 3è lumière ?

L’ouverture par la lumière

Méphisto serait ainsi le révélateur, le catalyseur d’une ouverture qui permettrait à Faust de s’ouvrir en lui-même, de communier avec la nature.

Faust, enfermé dans sa science ne connaît pas la vie, est inculte de sa propre connaissance.

Méphisto participe pleinement à cette prise de contact de Faust avec lui-même, et à s’ouvrir à un “rayon-nemment”…

La matière l’emporte sur l’esprit… ces deux forces ne sont pas encore équilibrées… mais tendent à évoluer, à le devenir, avant d’atteindre la maîtrise spirituelle.

Une nouvelle fois, Méphisto semble être un catalyseur puissant au service de Faust. 

Ce couple Faust-Méphisto est instable si on y ajoute un 3ème élément : Marguerite.

Car Méphisto est démystifié par Marguerite. En revanche le couple Faust-Marguerite me semble également symbolique. 

II- Faust et Marguerite : la fécondation de l’âme

Lorsqu’apparaît Marguerite, Méphisto évoque la possibilité de faire apparaître la lune, le soleil et les étoiles.

Marguerite s’imposerait donc comme un personnage clé, hautement symbolique.

Marguerite rassemblerait-elle, symboliserait-elle à elle seule les 3 lumières maçonniques qui marqueront Goethe jusque son dernier souffle ?

Une fois Marguerite révélée par le miroir, Faust reprend ses voyages avec Méphisto. Il affronte la tempête, l’air, l’eau, le feu de l’enfer lors d’un sabbat mémorable. Il vit et dépasse les épreuves, les voyages purificateurs de l’initié.

Le miroir est présenté à l’initié, dès le cabinet de réflexion, et lorsque la lumière lui est révélée. Dans le temple, en se confrontant au miroir, il peut y voir l’ennemi et l’ami qui cohabitent en lui.

Faust ne voit que Marguerite dans le miroir.

En prenant contact avec Marguerite tendrait-il vers une quête initiatique ?

Marguerite elle-même utilise un miroir pour essayer la parure de bijoux que lui a offert le couple Faust-Méphisto pour la conquérir.

Marguerite corrompt son âme. Elle est conquise par cet aveuglement.

Elle en payera le prix, emprisonnée puis mourant avant d’être rachetée (mais Faust n’était-il pas également aveuglé par sa science, emprisonné dans sa science ? N’est-il pas aveuglé par Méphisto et ses promesses, n’est-il pas emprisonné par ce pacte ?).

Marguerite s’accouple avec Faust, et fait intéressant, qui causera d’ailleurs sa perte :  un enfant naît.

Que symbolise cet enfant ? L’alliance masculine et féminine ? L’alliance entre la pure et bonne Marguerite et le fermé et plus sombre Faust ?

Goethe nous rapporte que l’enfant a été déposé sur les eaux et doit être sauvé. Comparaison avec Moïse qui portera les tables de la loi ?

Cet enfant “sacrifié” démontrerait-il que l’union entre Marguerite et Faust ne peut avoir lieu ? Elle resterait alors du registre symbolique insignifiant ?

Cette explication  ne me convainc pas.

De son côté, Méphisto, loin de rejouer un inceste, qualifie Faust et Marguerite comme étant des jumeaux.

Tous deux sont finalement aveuglés.

Cependant, Marguerite est en opposition frontale, brutale avec Méphisto qu’elle identifie et qu’elle rejette.

Marguerite, la si pure serait-elle plus “blanche” que Faust ?

Tout me ramène à une relation binaire de ces couples… Méphisto-Marguerite, Méphisto-Faust, Faust-Maguerite ! Apparemment pas de mélange possible… mais il existe un lien, avec comme élément “fédérateur” : Faust, perdu dans ses voyages… 

Pourtant cette conjugaison du masculin-féminin est intéressante dans l’œuvre de Goethe versus maçonnerie.

Parce que le diable est lui même hermaphrodite… les religieux l’ont d’ailleurs asexué comme les anges…

Mais à nouveau rien sur la fonction de Marguerite.

Je l’évoquais plus haut, ce couple hermaphrodite Méphisto-Faust, représentation binaire, est relié indépendamment à Marguerite. De quoi doivent accoucher ces perturbantes dualités ?

La relation ternaire peut-elle nous en apprendre davantage ?

III- Faust, Méphisto et Marguerite : du triolisme au ternaire ou quel message de la part de Goethe ?

Il me semble intéressant de nous attarder sur ce trio Faust/Méphisto/Marguerite.

Le chiffre 3 ne peut laisser indifférent.

Faust et Méphisto d’un côté, Marguerite séparée d’eux ?

Nous l’avons vu, d’un côté le couple Faust-Méphisto, d’un autre Faust-Marguerite.

Les 3 protagonistes sont liés.

Emprisonnée suite à l’infanticide, Marguerite est enchaînée. Méphisto souhaite la délivrer de ses chaînes. Les chaînes tombent lorsque Faust enlace Marguerite.

Elle reconnaît l’œuvre du diable (qu’à aucun moment elle ne nomme ; elle dit “lui”) et renie Faust.

Le soleil se lève au cours de cette scène.

Marguerite meurt, demande l’aide de Dieu et est sauvée.

Faust, lui, appartient à Méphisto. Dans le Faust 2 il continuera à être celui qui brille de par sa connaissance dédiée à l’humanité ; avant de se détourner de Méphisto et s’orienter vers le ciel qui le sauvera. Les biens ne lui auront pas apporté ce qu’il désire. Il pourra mourir, réclamant l’amour découvert.

Goethe s’est-il simplement amusé à signifier son appartenance à la franc-maçonnerie en glanant ça et là quelques symboles ?

Mozart à travers sa Zaüberflöte a bien relaté une initiation.

Et si Goethe avait eu le seul désir, qu’il nous faut rattacher à son époque, encore bien ancrée dans la religion, de nous montrer la voie de la vie et de l’amour ?

Marguerite, parce qu’elle est sauvée par les cieux, serait en quelque sorte  notre Marianne française, présente dans toutes les mairies.

Marguerite meurt et renaît, à l’image de Faust. Mais sa route la mène directement au ciel, sans passer par la case départ et la banque tenue par Méphisto.

Pour autant, comme la schize m’envahit… Nous… Quand sommes-nous Faust ? Quand sommes-nous Méphisto ?

2ème… 3ème lecture du Faust, 2éme… 3ème discussion avec des amis Francs-Maçons, et un ami Allemand grand spécialiste de Goethe.

A travers cette contribution, me suis-je damné par vanité analytique ?

Le “docteur des âmes” que je suis compose quotidiennement avec des forces qui s’opposent, des conflits violents.

Ma pratique clinique m’amène à incarner le rôle du diable et de Dieu le père. Je ne suis que cette représentation que mes patients projettent sur moi, bien  évidemment en d’autres termes.

Dans ma vie quotidienne je suis Faust, Méphisto et Marguerite …

Dans ma vie intellectuelle, en écrivant et en lisant ces lignes je suis tour à tour Faust, en pleine masturbation intellectuelle, et Méphisto car je me moque de moi… Et je suis également, sans doute, Marguerite parce que je m’en rends compte… et que je continue à chercher d’autres réponses…

Peut-être le message de Goethe est-il là… en tout cas le seul que je suis à même de palper. Notre vie est en grande partie une chimère…

La vie est un travail sur soi, pour soi, les autres… à travers des voyages, des découvertes, des luttes, des illusions… une quête pour approcher le mystère suprême… 

Pour finir…

Certains argueront que Goethe s’inscrit dans la tradition d’une maçonnerie fréquentée par l’aristocratie et la haute bourgeoise. Ainsi, à l’époque, de nombreux artistes maçons s’amusaient à glisser des symboles, sans réel message.

Pourtant, Goethe nous a légué une œuvre qu’il a mis 60 ans à achever. Le 1er Faust ne fut joué que 3 ans avant sa mort. Et, sur sa demande, Faust 2 n’a été publié qu’après son décès.

Je laisse à chacun d’entre nous le soin de ressentir si Goethe a souhaité nous aider à construire notre propre temple.

Goethe, Faust, Méphisto m’ont appris… à accepter de ne pas savoir… à accepter d’approcher le Vrai qui se dérobe à mes mains et s’éloigne à nouveau lorsque je pense le saisir… à redevenir manuel, sensitif en conservant sur moi un roman complexe, interpértable jusqu’au jour où… j’en comprendrai le sens final… sans clamer « Merh Licht »… sans savoir ce que Goethe a voulu signifier au moment de son dernier souffle. 

« Plus de lumière ? », « Enfin la lumière ? »… alors qu’il avait peur de la mort et ne s’est pas rendu aux obsèques de son épouse et de ses enfants.

Il faut sans doute tout simplement lire et relire Goethe et ses 2 Faust… et en tirer ses propres vérités.


La dannazione di Faust: una dualità in questione

di Pascal Neveu

Anche se questo titolo sembra certamente allettante, risulta essere più complesso di ogni prima sensazione… e che sembra superare un primo grado di comprensione…

E’ necessario avvertire in anticipo che questo scritto si riferisce solo al Faust 1 di Goethe e solleva più domande che affermazioni… e scambi  di opinione con diversi amici.

Lasciate che vi parli prima della sua genesi.

Pensando all’argomento di questo numero, ho subito visto l’immagine di Roma, la città in cui torno incondizionatamente per isolarmi, per pensare e senza dubbio per la città del Vaticano… la città di riferimento dei demoni … Ma anche dall’altra parte per l’Opera lirica, parimenti la mia “Chiesa”.

La storia fa gli uomini e le cose… Qualche anno fa, una sera del 4 luglio, andai a vedere e ascoltare una rappresentazione de La Dannazione di Faust.

La musica e le voci eccezionali da un lato, la messa in scena folgorante dall’altro… ma soprattutto l’argomento che mi ha parlato per anni attraverso un personaggio affascinante: Mefistofele.

Mefistofele, lo conosco, lo sento, mi sfida, vive in me, mi ha divertito fin dalla prima infanzia… Il registro delle diavolerie è una passione, e mi concedo qualche collezione su questo tema.

Consentitemi di citare, in modo non esaustivo, alcune opere che affrontano e lo riprendono: romanzi (Faust di Goethe, Il maestro e Margherita di Bulgakov, ecc.), opere liriche (Faust di Gounod, La dannazione di Faust di Berlioz, Mefistofele di Boito, Dottor Faustus di Dusapin…), o film (Il diavolo in corpo di René Clair, Marguerite de la nuit di Claude Autant Lara…)

Quella sera, durante e dopo lo spettacolo, ho sentito che dovevo parlare di Faust, Mefistofele. Più precisamente, ho compreso la necessità e l’utilità di rituffarmi nei miei sentimenti appena risvegliati da questa rappresentazione.

L’identificazione era troppo forte, la risonanza troppo profonda per lasciarsi sfuggire quello che ho scoperto quella sera, avrei approfondito e imparato più tardi lavorando su questo tema.

Per ambientare la scena, permettetemi prima di darvi un brevissimo riassunto della trama.

Il dottor Faust, eminente studioso, deplora la vanità del suo sapere. Mentre pensa al suicidio, gli appare Mefistofele, autorizzato dal signore a tentarlo. È il giorno di Pasqua e Faust viene subito conquistato da questo curioso personaggio di cui non conosce l’identità. Firma con lui un patto iniziatico e intraprende una serie di viaggi e avventure in giro per il mondo. In una taverna dove soggiornano esseri bestiali, vede in uno specchio il volto di una donna, Margherita, della quale si innamora subito. Margherita è santa, vergine, pura e ingenua. Faust quindi chiede a Mefistofele di partecipare alla sua conquista. Dopo alcune peripezie si apprende che da questa vicenda è nato un bambino e Margherita, abbandonata da Faust, viene incarcerata per infanticidio. Faust allora chiede a Mefistofele di salvarla, di toglierla dalla sua prigione. Falliscono e Margherita muore. Tuttavia è salvata dal Signore mentre Faust è posseduto da Mefistofele.

Quello che mi colpì quella sera, e poco dopo, quando mi rituffai nella lettura di Goethe, fu un ricordo, un’introspezione analitica.

Mentre ascoltiamo il diavolo che vocalizza, Faust ci manda direttamente in un luogo di riflessione.

La dannazione di Faust, tutti possiamo averla vissuta… il giorno in cui pensando alla nostra morte, alla nostra finitudine, al morire presto, scriviamo un testamento filosofico, un patto satanico che apre una via iniziatica, molto simbolica…

Mi permetterò di parlare prima della coppia Faust/Mefistofele, la diade del contrasto, prima di approcciarmi all’altra coppia Faust/Margherita, la diade della rivelazione, per porre il problema dell’unione dei 3 personaggi Faust, Mefistofele e Margherita, in una messa in discussione dei legami che le uniscono, le oppongono e le fanno convergere verso un messaggio profondissimo.

I- Faust e Mefistofele: una coppia esoterica

Parlare della coppia Faust e Mefistofele può sembrare facile.

La dualità, l’opposizione dei due personaggi mi fa subito pensare al bianco e al nero.

Contrapposizione tra un presunto Bene rappresentato da Faust e il Male incarnato da Mefistofele, confronto tra Luce e Ombra, contrasto tra la nostra parte umana e il nostro polo animale…

Esso ci parla attraverso la sua inquietante stranezza. Tuttavia, non c’è nulla che suggerisca che Faust sia l’immagine della luce, del bene, del bianco…

Senza dubbio, come vedremo, Margherita ci si avvicinerebbe.

L’analisi dell’opera ci fa scoprire un aspetto interessante: Faust e Mefistofele sono lo stesso personaggio, in ogni caso giocano a essere identici. Per due volte si scambiano persino le loro identità.

Infatti, una volta firmato il patto, Faust e Mefistofele diventano una cosa sola, cambiano identità, si abbracciano addirittura. E lo scolaro che viene a cercare la scienza da Faust viene ricevuto da Mefistofele che gioca con lui.

Faust e Mefistofele non mi sembrano incarnare solo un simbolismo binario, due esseri opposti che formano un tutto unico.

Ripensiamo al ruolo, alla funzione di Mefistofele.

Certamente Mefistofele è colui che odia la luce. Ma proclama anche a Faust “Faccio parte di questa forza che a volte vuole il male, a volte fa il bene”. Aggiunge “Io sono lo spirito che sempre nega; ed è con giustizia: perché tutto ciò che esiste vale la pena di essere distrutto”. Poi completa “Io sono parte della parte che esisteva al principio di tutto, parte di quella tenebra che partorì la luce, la luce superba, che ora disputa con sua madre la Notte il suo rango antico e lo spazio che ella ha  occupato.”

In altre parole, Mephistofele incarnerebbe un insieme di simboli: non è solo il male e la distruzione. Si dice anche che sia una fonte di luce. Può anche essere qualcos’altro, un altro percorso…

Mefistofele e Faust sembrano formare una coppia armoniosa che si autofeconda e il cui parto è previsto…

Torniamo a Faust.

All’inizio del libro, Faust, come un candido, contaminato dalla sua scienza, è alla ricerca di riflessioni sulla natura umana, è alla ricerca di interrogativi. Faust è allo stesso tempo il profano, ma rimane chiuso nella rigidità del suo sapere, ma che, aiutato dal rigore proprio dell’ordine, lo porterà al sapere.

Da questa coppia Faust-Mefistofele sembrano emergere diverse caratteristiche. Non dimentichiamo che Goethe era un massone, e questo sembra trasparire in tutta la sua opera.

Morte e iniziazione

È quando Faust sta per ingoiare il suo veleno che gli appare Mefisto, che ha bussato 3 volte alla porta. Questo passaggio è fortemente segnato anche dal simbolo del pentagramma disegnato a terra.

Non posso soffermarmi su questo pentagramma, ma è un potente simbolismo nell’opera di Goethe.

Mefistofele non può uscire dalla stanza attraversando il pentagramma destro mentre è entrato attraversando questo stesso pentagramma capovolto.

Goethe afferma che anche l’inferno ha le sue leggi: “Il primo atto è libero in noi; noi siamo schiavi del secondo” dice Mefistofele.

Sia Faust che Mefistofele sono alienati da un patto. Ma c’è anche un patto tra il Signore e Mefistofele!

L’ho annunciato, morte e iniziazione… morte e rinascita…

La morte è presente fin dall’inizio. Inizia l’incontro Faust/Mefiistofele. Fu al momento del suo tentativo di suicidio che gli furono rivelate le vie del Signore. Al suono delle campane pasquali si manifesta la risurrezione.

Morte e rinascita sono quindi presenti. Faust rinasce non appena appare Mefistofele.

Il patto che Faust firma con Mefistofele ricorda simbolicamente un testamento filosofico, bruciato dal fuoco e dalla luce ardente, una sorta di “purificazione”, una rivelazione dell’anima.

Faust qualifica la sua conoscenza come proveniente dai suoi antenati, da una pesante eredità.

Tutto invita Faust, in contatto con Mefistofele, a intraprendere un’introspezione.

Lo studio di Faust è già di per sé un tempio: Goethe non esita a citare “In principio era la forza! In principio era l’azione”… Le colonne del Tempio di Salomone, Jachin e Boaz sono esplicitamente citate nella sua opera. “Costruisci te stesso” si spinge fino a dire.

Faust può quindi solo aderire al patto di Mefistofele. Accetta viaggi iniziatici in vari mondi: cantine, grotte, illuminati dalla luna “per non rimanere accecati” come scrive Goethe.

Inoltre, durante il primo viaggio, Faust inciampa con un piede, come l’iniziato, privato delle scarpe,  entra nel tempio massonico.

Di questi diversi elementi, possiamo affermare che Mefistofele inizia Faust? Possiamo affermare che Goethe evoca il rito di iniziazione?

Leggero

La luce è anche un simbolo molto presente nella prosa di Goethe.

Questa luce è detenuta dal signore che afferma che Faust lo cerca nel cielo, ma rinchiuso nell’oscurità. Vuole portarlo alla luce, e per questo chiede a Mefistofele di tentarlo, di aprirlo. Lo studio di Faust è molto poco illuminato.

Mefistofele lo avverte: “Non aspettare la piena luce, la luce dal triplice fulgore”… gli potrà essere rivelato solo in seguito.

È da pensare che Faust incarna, porta uno status di destinatario ma anche di insider?

Mefistofele  e Faust, nella loro “associazione” creano un dubbio.

Mefistofele illumina Faust: più precisamente lo illumina!…

Mefistofele avrebbe quindi il valore di una luce… ma quale?

La Luna non lo illumina abbastanza… il Sabato risuona e risuona nella sua testa…

Ho menzionato la seconda luce, e se Mefistofele incarnasse una terza luce?

Apertura per luce

Mefisto sarebbe così il rivelatore, il catalizzatore di un’apertura che permetterebbe a Faust di aprirsi in se stesso, di entrare in comunione con la natura.

Faust, rinchiuso nella sua scienza non conosce la vita, è ignorante nella sua stessa conoscenza.

Mefistofele partecipa pienamente a questo contatto di Faust con se stesso, e all’apertura a una “irradiazione”…

La materia prevale sullo spirito… queste due forze non sono ancora equilibrate… ma tendono ad evolversi, a diventarlo, prima di raggiungere il dominio spirituale.

Ancora una volta, Mefistofele sembra essere un potente catalizzatore al servizio di Faust.

Questa coppia Faust-Mefistofele è instabile se aggiungiamo un terzo elemento: Margherita.

Perché Mefistofele è demistificato da Margherita. D’altra parte, anche la coppia Faust-Margherita mi sembra simbolica.

II- Faust e Margherita: la fecondazione dell’anima

Quando appare Margherita, Mefistofele evoca la possibilità di far apparire la luna, il sole e le stelle.

Margherita si distinguerebbe quindi come un personaggio chiave, altamente simbolico.

Margherita riunirebbe, da sola simboleggerebbe le 3 luci massoniche che segneranno Goethe fino al suo ultimo respiro?

Una volta che Margherita viene rivelata dallo specchio, Faust riprende i suoi viaggi con Mefistofele. Affronta la tempesta, l’aria, l’acqua, il fuoco dell’inferno durante un sabba memorabile. Vive e supera le prove, i viaggi purificatori dell’iniziato.

Lo specchio viene presentato all’iniziato, dal luogo di riflessione, e quando la luce gli si rivela. Nel tempio, confrontandosi con lo specchio, può vedere il nemico e l’amico che convivono in lui.

Faust vede solo Margherita allo specchio.

Entrando in contatto con Margherita tenderebbe verso una ricerca iniziatica?

Margherita stessa usa uno specchio per provare il set di gioielli che la coppia Faust-Mefistofele le ha regalato per conquistarla.

Margherita corrompe la sua anima. È conquistata da questa cecità.

Ne pagherà il prezzo, imprigionata poi morente prima di essere redenta (ma non era anche Faust accecato dalla sua scienza, imprigionato nella sua scienza? Non è accecato da Mefistofele e dalle sue promesse, non è imprigionato da questo patto?) .

Marguerite si accoppia con Faust e, cosa interessante, che causerà anche la sua perdita: nasce un bambino.

Cosa simboleggia questo bambino? Unione maschile e femminile? L’alleanza tra la pura e buona Margherita e il chiuso e oscuro Faust?

Goethe ci dice che il bambino è stato depositato sulle acque e deve essere salvato. Paragone con Mosè che porterà le tavole della legge?

Questo bambino “sacrificato” dimostrerebbe che l’unione tra Margherita e Faust non può aver luogo? Resterebbe allora  un insignificante registro simbolico?

Questa spiegazione non mi convince.

Da parte sua, Mefistofele, lungi dal rievocare un incesto, qualifica Faust e Margherita come gemelli.

Entrambi sono divenuti ciechi.

Tuttavia, Margherita è in diretta e brutale opposizione a Mefistofele, che  riconosce  e rifiuta.

Margherita, la così pura sarebbe “più bianca” di Faust?

Tutto mi riporta a un rapporto binario tra queste coppie… Mefistofele-Margherita, Mefistofele-Faust, Faust-Magherita! Apparentemente nessun mix possibile… ma c’è un legame, con l’elemento “unificante”: Faust, perso nei suoi viaggi…

Eppure questa coniugazione del maschile-femminile è interessante nell’opera di Goethe versus massoneria.

Perché il diavolo è lui stesso un ermafrodita… i religiosi lo hanno inoltre asessuato come gli angeli…

Ma ancora niente sulla funzione di Margherita.

Come ho accennato in precedenza, questa coppia ermafrodita Mefistofele-Faust, una rappresentazione binaria, è legata indipendentemente a Margherita. Da cosa devono nascere queste inquietanti dualità?

La relazione ternaria può insegnarci di più?

III- Faust, Mefisto e Margherita: dal triolismo al ternario o quale messaggio di Goethe?

Mi sembra interessante soffermarmi su questo trio Faust/Mefistofele/Margherita.

Il numero 3 non può lasciare nessuno indifferente.

Faust e Mefistofele da una parte, Margherita separata da loro?

Lo abbiamo visto, da una parte la coppia Faust-Mefistofele, dall’altra Faust-Margherita.

I 3 protagonisti sono legati.

Imprigionata in seguito all’infanticidio, Margherita è incatenata. Mefistofele vuole liberarla dalle sue catene. Le catene cadono quando Faust abbraccia Margherita.

Riconosce l’opera del diavolo (che non nomina mai; dice “lui”) e nega Faust.

Il sole sorge durante questa scena.

Margherita muore, chiede l’aiuto di Dio e si salva.

Faust appartiene a Mefistofele. In Faust 2 continuerà ad essere colui che brilla con la sua conoscenza dedicata all’umanità; prima di voltare le spalle a Mefistofele e dirigersi verso il cielo che lo salverà. I beni non gli avranno portato ciò che desidera. Potrebbe morire, rivendicando l’amore che ha scoperto.

Goethe si è semplicemente divertito a significare la sua appartenenza alla Massoneria cogliendo qua e là qualche simbolo?

Mozart attraverso il suo Zaüberflöte ha ben raccontato un’iniziazione.

E se Goethe avesse avuto l’unico desiderio, che dobbiamo riferire al suo tempo, ancora saldamente radicato nella religione, di mostrarci la via della vita e dell’amore?

Margherita, salvata dal cielo, sarebbe in un certo senso la nostra francese Marianne, presente in tutti i municipi.

Margherita muore e rinasce, come Faust. Ma il suo percorso la porta direttamente in cielo, aggirando il punto di partenza e il banco tenuto da Mefistofele.

Però, mentre lo schize mi invade… Noi… Quando siamo Faust? Quando siamo Mefisto?

2a… 3a lettura del Faust, 2a… 3a discussione con amici massoni, e un amico tedesco che è un grande specialista di Goethe.

Attraverso questo contributo mi sono dannato per vanità analitica?

Il “dottore delle anime” che incarno mi fa occupare quotidianamente di forze opposte, conflitti violenti.

La mia pratica clinica mi porta a incarnare il ruolo del diavolo e di Dio padre. Io sono solo questa rappresentazione che i miei pazienti proiettano su di me, ovviamente in altre parole.

Nella mia vita quotidiana sono Faust, Mefistofele e Margherita…

Nella mia vita intellettuale, mentre scrivo e leggo queste righe, sono alternativamente Faust, in piena masturbazione intellettuale, e Mefistofele perché mi prendo gioco di me stesso… E sono anche, senza dubbio, Margherita perché me ne rendo conto…e continuo a cercare per altre risposte…

Forse il messaggio di Goethe c’è… in ogni caso l’unico che riesco a sentire. La nostra vita è in gran parte una chimera…

La vita è un lavoro su se stessi, per se stessi, per gli altri… attraverso viaggi, scoperte, lotte, illusioni… una ricerca per avvicinarsi al mistero supremo…

Per finire…

Qualcuno sosterrà che Goethe fa parte della tradizione di una Massoneria frequentata dall’aristocrazia e dall’alta borghesia. Così, all’epoca, molti artisti massonici si divertivano a infilare simboli, senza alcun messaggio reale.

Tuttavia, Goethe ci ha lasciato in eredità un’opera che ha impiegato 60 anni per essere completata. Il primo Faust è stato suonato solo 3 anni prima della sua morte. E, su sua richiesta, Faust 2 è stato rilasciato solo dopo la sua morte.

Lascio a ciascuno di noi sentire se Goethe volesse aiutarci a costruire il nostro tempio.

Goethe, Faust, Mefistofele mi hanno insegnato… ad accettare di non sapere… ad accettare di avvicinarmi alla Verità che mi sfugge dalle mani e si allontana di nuovo quando penso di afferrarla… a ridiventare manuale, sensibile tenendomi un romanzo complesso, interpretabile fino al giorno in cui… ne capirò il significato finale… senza pretendere “Merh Licht”… senza sapere cosa voleva dire Goethe al momento del suo ultimo respiro.

” Più luce ? “, “Finalmente la luce? “…  aveva paura della morte e non andò al funerale della moglie e dei figli.

Probabilmente devi semplicemente leggere e rileggere Goethe e i suoi 2 Faust… e trarne le tue verità.

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