EXAGERE RIVISTA - Gennaio-Febbraio 2025, n. 1-2 anno X - ISSN 2531-7334

La vieillesse: le lien avec l’éternité dans l’Égypte ancienne. Entretien avec Primavera Fisogni

(FRA/ITA traduzione in fondo)

de Gianfranco Brevetto

On sait depuis toujours que l’Égypte ancienne est une source de grand intérêt mais aussi d’immenses traditions et cultures dont nous pouvons toujours apprendre avec un émerveillement inchangé.

Vera Fisogni, philosophe, philologue et journaliste italienne, nous a parlé du thème de la vieillesse dans l’Égypte ancienne dans un essai stimulant, La vieillesse est arrivée (récemment publié en France) plein d’idées précieuses et de curiosités. L’auteur, qui est également expert de la langue des pharaons, nous permet d’aborder, ainsi,  les sources de manière directe et concrète.

ph. di Cristiana Fisogni

 -Quelle était pour vous la signification de la vieillesse au temps des pharaons ?

-Je tiens tout d’abord à remercier la revue Exagere pour l’attention qu’elle a portée à mon travail sur les textes égyptiens anciens en hiéroglyphes.

Avant, je vais vous dire que vieillir dans l’Égypte ancienne était un privilège. Les gens mouraient jeunes, donc avoir 50, 60 ou même 80 ans était rare. Seul le pharaon Ramsès II, qui serait mort à 90 ans, était un cas spécial. Pour les Égyptiens, vieillir avait du sens. Pour l’Égyptien, c’était d’avoir laissé une trace dans le monde, dans son travail, dans sa famille.Vieillir, c’était aussi avoir eu le temps de se préparer pour l’au-delà, soit en construisant un tombeau, soit en se préparant à mourir dans la dignité. La vieillesse est le lien avec l’éternité, avec des valeurs très importantes pour un peuple qui aime le soleil, mais qui sait aussi qu’il meurt. La vieillesse fait aussi que la vie a un autre sens. Les Égyptiens anciens ont appris des choses sur la vie en vieillissant, et les jeunes ne peuvent les apprendre qu’à l’école. Et nous en arrivons à l’idée d’une « alliance » entre les générations, qui est indissociable de la maturité de la vie.

Dans « Les Enseignements de Ptahhotep », on parle d’une institution spéciale de prévoyance pour l’élite, appelée « bâton de vieillesse » (mdw i3w), qui existait dans le Nouvel et le Moyen Empire. C’est un document très précieux pour établir le caractère officiel de l’acte sur le plan juridique, le vizir s’adresse au souverain Isesi Ier et lui demande de promulguer cet acte particulier. Le fils devra en prendre la charge, comme le dit le père dans un discours. À ce jour, il n’existe qu’un seul autre document officiel de ce type. C’est le papyrus UC 32037 (Kahun VII), trouvé à El-Lahun, qui parle de la 39e année du règne d’Amenemhat III (vers 1818 avant J.-C.). Le fonctionnaire Mery Kebi demande qu’on l’attribue à son fils Iuseneb, son rôle de contrôleur de la liste mensuelle des prêtres. Ainsi, le jeune homme pourra devenir le « bâton de la vieillesse » pour son parent, qui est désormais âgé.

– Pourquoi, à ce propos, vous nous parlez-vous de Ptahhotep ? Qui était-il ?

-Ptahhotep est le vizir de la V^e dynastie (2500-300 av. J.-C.) à qui l’on doit un célèbre texte du Moyen Empire intitulé « Les enseignements de Ptahhotep ». Personnage d’une grande profondeur intellectuelle et morale, il y expose le modus vivendi des anciens Égyptiens à travers les 47 maximes du texte égyptien. Ce document est d’une valeur exceptionnelle pour comprendre la vision du peuple des pharaons sur la vieillesse, car le prologue énumère une série de lamentations sur les maux de la sénilité. En le lisant, on comprend que, près de 4 000 ans plus tard, rien n’a changé.

-Le concept de la mort chez les anciens Égyptiens était d’une complexité très avancée pour l’époque, l’approche de ce passage devait par conséquent prendre en compte tout ce qui se serait passé à ce moment-là et après cet événement. Comment?

L’Égypte ancienne est souvent considérée comme une civilisation de la mort, à cause des pyramides et des tombeaux. Mais le peuple et les élites voulaient vivre, même après la mort. Par exemple, le « Livre des morts » est en fait un « Livre pour la lumière du jour ». C’est un recueil de formules qui permettent de sortir du tombeau et de continuer à vivre à la lumière du soleil. Prenons l’exemple de la stèle de Djehutynefer mentionnée dans le livre, conservée au Musée égyptien de Turin. On lit:

Pr.t m tȝ mȝȝ itn in sšt kȝw ȝpdw dd n.f sšw mȝ hrw ḥr ntr ˁ ḥmt.f nbt pr mr.f bnbw mȝˁ- hrw

« Sortie de la terre, pour voir le disque solaire (Aton), par Djehutynefer, le scribe (chargé) du bétail et (des) oiseaux, appelé Seshu, juste de voix, sous le grand dieu (avec) son épouse, la dame de la maison, sa bien-aimée Benbu, juste de voix ».

ph. di Primavera Fisogni

-Comme vous  le rappellez dans un passage de votre ouvrage,  se référer à la mémoire signifiait se référer à un noyau vital de la personne. Nous arrivons ici à un point important du processus de vieillissement : celui de gérer ses propres souvenirs, un ensemble qui faiblit de plus en plus au fil des années.Pourquoi une signification aussi importante a-t-elle été accordée, à l’époque,  à la mémoire de lhomme individuel ?

-Pour les Égyptiens, la mémoire était le moyen de faire vivre le nom – rn -, dans lequel s’exprimait l’unité de la personne. L’anathème ultime consistait en la damnatio memoriae, c’est-à-dire l’effacement du nom. Néanmoins, ils avaient également conscience des inconvénients liés à la perte de mémoire liée à la vieillesse. Ptahhotep le souligne dans le prologue. La perte de mémoire est l’un des signes les plus caractéristiques du vieillissement avancé et, à notre époque, dans la vieillesse, elle est vécue comme une sonnette d’alarme, comme un symptôme de la démence. La considération que fait le vizir Ptahhotep dans le prologue des « Enseignements » qui portent son nom est donc d’une valeur extraordinaire. Comme mentionné précédemment, le terme « mémoire » fait référence au noyau vital de la personne, à savoir le cœur. Cependant, il est correct de traduire l’expression ib tm.w par « la mémoire est immobile ».

– Enfin, a present, quels outils pouvons-nous tirer de ces précieux enseignements pour nous aider, en tant quhommes du troisième millénaire, à affronter cette phase importante de la vie ?

-Je voudrais m’arrêter plus particulièrement sur deux aspects qui ne peuvent que donner à réfléchir à une époque où la vieillesse est perçue comme une phase fâcheuse de l’existence qu’il faut dissimuler à tous points de vue, ainsi qu’en termes de conclusion de la vie « active », alors même que des générations de personnes de plus en plus actives et riches d’intérêts sont en train de conquérir la scène en Europe et dans ce qu’il est convenu d’appeler l’Occident.

Pour l’Égyptien, comme pour les élites, vieillir a un sens. Sur le plan existentiel, tout d’abord, cela signifiait avoir laissé une trace dans le monde, dans sa profession, dans sa vie relationnelle. Le souhait de vivre longtemps, d’atteindre 110 ans reste un indicateur de la vision d’un monde où vieillir, éventuellement sans maladie, était un signe de bénédiction : du souverain, des dieux, de la famille à laquelle on appartenait. Vieillir, c’est aussi avoir eu le temps de construire un au-delà, soit en se dotant d’un tombeau, soit en préparant les conditions pour affronter la mort le plus dignement possible.

La vieillesse constituait le lien avec l’éternité, étant chargée de valeurs transcendantales, essentielles pour un peuple qui aimait le disque solaire, et pourtant en relation constante avec la mort. À la lumière de la vieillesse, toutes les coordonnées de la vie prennent également un éclairage différent. Elles deviennent une sagesse à transmettre à la postérité, à commencer par les enfants, comme en témoignent les textes sapientiaux, à commencer par les « Les enseignements de Ptahhotep », dont les passages significatifs sur le vieillissement ont été commentés.

Cette considération semble tout sauf accessoire. Au contraire, la vieillesse a donné à l’Égyptien ancien une science que les jeunes générations ne peuvent apprendre que par l’éducation. Et nous en arrivons au facteur le plus actuel, à savoir l’« alliance » entre les générations, qui est indissociable de la phase de maturité de la vie. Le « bâton de vieillesse » ne doit pas être compris exclusivement comme une institution ou un principe régulateur qui sanctionne la transmission des tâches professionnelles de père en fils. Il va plus loin : il exprime la volonté de relier les différentes phases de la vie de manière harmonieuse, fluide et coopérative. Cela nous rappelle à quel point nous avons besoin de ce genre de leçons aujourd’hui, à tous les niveaux, en particulier dans les professions.

Nous vivons à une époque de transition exponentielle et très rapide, où les natifs du numérique côtoient les générations plus anciennes. Ces dernières, qui sont vouées à disparaître massivement des professions et des métiers, sont appelées à passer le relais et à transmettre des savoirs précieux qui risquent de se perdre. L’ancienne tradition égyptienne montre une chose à prendre absolument en compte : la capacité des personnes âgées à construire des alliances et celle des jeunes à embrasser leurs valeurs.


Primavera Fisogni

La vieillesse est arrivée

2024 Lys Bleu Éditions


Vecchiaia: il legame con l’eternità nell’antico Egitto. Intervista a Vera Fisogni

di Gianfranco Brevetto

È da sempre noto che l’antico Egitto è fonte di grande interesse, ma anche di immense tradizioni e culture da cui ancora oggi possiamo imparare con immutata meraviglia.

Vera Fisogni, filosofa, filologa e giornalista italiana, ci ha parlato del tema della vecchiaia nell’antico Egitto in uno stimolante saggio,   La vieillesse est arrivée  (recentemente pubblicato in Francia), ricco di spunti e curiosità preziosi. L’autrice, esperta anche della lingua dei faraoni, ci permette di avvicinarci alle fonti in modo diretto e concreto.

 -Cosa significava per lei la vecchiaia al tempo dei faraoni?

– Vorrei innanzitutto ringraziare la rivista Exagere per l’attenzione che ha dedicato al mio lavoro sui testi egizi antichi in geroglifici.

Innanzitutto, vi dirò che invecchiare nell’antico Egitto era un privilegio. Le persone morivano giovani, quindi avere 50, 60 o addirittura 80 anni era raro. Soltanto il faraone Ramses II, che si dice sia morto all’età di 90 anni, costituiva un caso speciale. Per gli egiziani invecchiare aveva un significato. Per l’egiziano, significava aver lasciato un segno nel mondo, nel suo lavoro, nella sua famiglia. Invecchiare significava anche aver avuto il tempo di prepararsi all’aldilà, sia costruendo una tomba, sia preparandosi a morire con dignità. La vecchiaia è il legame con l’eternità, con valori molto importanti per un popolo che ama il sole, ma che sa anche che muore. La vecchiaia conferisce alla vita anche un altro significato. Gli antichi Egizi imparavano nozioni sulla vita man mano che crescevano, mentre i giovani possono impararle solo a scuola. E arriviamo all’idea di una “alleanza” tra le generazioni, che è inscindibile dalla maturità della vita.

Negli “Insegnamenti di Ptahhotep” si fa menzione di un istituto pensionistico speciale per l’élite, chiamato “personale di vecchiaia” (mdw i3w), che esisteva nel Nuovo e nel Medio Regno. Si tratta di un documento molto prezioso per stabilire l’ufficialità dell’atto sul piano giuridico: il visir si rivolge al sovrano Isesi I e gli chiede di promulgare questo specifico atto. Sarà il figlio a doverne prendere la responsabilità, come dice il padre in un discorso. Ad oggi esiste solo un altro documento ufficiale di questo tipo. Si tratta del papiro UC 32037 (Kahun VII), rinvenuto a El-Lahun, che parla del 39° anno del regno di Amenemhat III (intorno al 1818 a.C.). Il funzionario Mery Kebi chiede che il suo ruolo di controllore dell’elenco mensile dei sacerdoti venga attribuito a suo figlio Iuseneb. In questo modo, il giovane può diventare il “bastone della vecchiaia” per il genitore ormai anziano.

Perché, a questo proposito, ci parla di Ptahhotep? Chi era?

-Ptahhotep è il visir della V dinastia (2500-300 a.C.) al quale dobbiamo un famoso testo del Medio Regno intitolato “Gli insegnamenti di Ptahhotep”. Personaggio di grande spessore intellettuale e morale, espone il modus vivendi degli antichi Egizi attraverso le 47 massime del testo egiziano. Questo documento è di eccezionale valore per comprendere la visione della vecchiaia presso il popolo faraonico, poiché il prologo elenca una serie di lamentazioni sui mali della senilità. Leggendolo, comprendiamo che, quasi 4.000 anni dopo, nulla è cambiato.

-Il concetto di morte presso gli antichi Egizi era di una complessità molto avanzata per l’epoca, l’approccio a questo passaggio doveva quindi tenere conto di tutto ciò che sarebbe accaduto in quel momento e dopo questo evento. Come?

L’antico Egitto è spesso considerato una civiltà di morte, a causa delle piramidi e delle tombe. Ma il popolo e le élite volevano vivere, anche dopo la morte. Ad esempio, il “Libro dei morti” è in realtà un “Libro per la luce del giorno”. Si tratta di un insieme di formule che permettono di uscire dalla tomba e continuare a vivere alla luce del sole. Prendiamo l’esempio della stele di Djehutynefer menzionata nel libro, conservata al Museo Egizio di Torino. Leggiamo:

Pr.t m tȝ mȝȝ itn in sšt kȝw ȝpdw dd n.f sšw mȝ hrw ḥr ntr ˁ ḥmt.f nbt pr mr.f bnbw mȝˁ- hrw

“Uscendo dalla terra, per vedere il disco solare (Aton), da Djehutynefer, lo scriba (responsabile) del bestiame e (degli) uccelli, chiamato Seshu, giustificato, sotto il grande dio (con) sua moglie, la signora della casa, il suo amato Benbu, giustificato.”

-Come ricorda in un passaggio della sua opera, parlare di memoria significava riferirsi a un nucleo vitale della persona. Arriviamo qui a un punto importante del processo di invecchiamento: quello della gestione dei propri ricordi, un insieme che si indebolisce sempre di più con il passare degli anni. Perché si dava così grande importanza, a quel tempo, alla memoria del singolo uomo?

-Per gli Egizi la memoria era il mezzo per mantenere vivo il nome – rn -, nel quale si esprimeva l’unità della persona. L’anatema definitivo consisteva nella damnatio memoriae, cioè nella cancellazione del nome. Tuttavia, erano anche consapevoli degli svantaggi associati alla perdita di memoria in età avanzata. Ptahhotep lo sottolinea nel prologo. La perdita di memoria è uno dei segni più caratteristici dell’invecchiamento avanzato e, ai giorni nostri, in età avanzata, viene vissuta come un campanello d’allarme, come un sintomo di demenza. La considerazione data dal visir Ptahhotep nel prologo degli “Insegnamenti” che portano il suo nome è quindi di straordinario valore. Come accennato in precedenza, il termine “memoria” si riferisce al nucleo vitale della persona, vale a dire il cuore. Tuttavia è corretto tradurre l’espressione ib tm.w come “la memoria è ferma”.

– Infine, quali strumenti possiamo trarre da questi preziosi insegnamenti per aiutarci, come uomini del terzo millennio, ad affrontare questa importante fase della vita?

– Vorrei soffermarmi più in particolare su due aspetti che non possono non dare spunti di riflessione in un’epoca in cui la vecchiaia è percepita come una fase sfortunata dell’esistenza che deve essere nascosta da tutti i punti di vista, come pure in termini di conclusione della vita “attiva”, nonostante generazioni di persone sempre più attive e interessate stiano conquistando la scena in Europa e in quello che comunemente chiamiamo Occidente.

Per l’egiziano, come per l’élite, invecchiare ha un significato. A livello esistenziale, significava innanzitutto aver lasciato un segno nel mondo, nella propria professione, nella propria vita relazionale. Il desiderio di vivere a lungo, di raggiungere i 110 anni, resta un indicatore della visione di un mondo in cui invecchiare, possibilmente senza malattie, era segno di una benedizione: del sovrano, degli dei, della famiglia a cui si apparteneva. Invecchiare significa anche aver avuto il tempo di costruirsi un aldilà, sia dotandosi di una tomba, sia predisponendo le condizioni per affrontare la morte con la massima dignità possibile.

La vecchiaia era il legame con l’eternità, carica di valori trascendentali, essenziale per un popolo amante del disco solare, ma in costante rapporto con la morte. Alla luce della vecchiaia, anche tutte le coordinate della vita assumono una luce diversa. Essi diventano una saggezza da trasmettere ai posteri, a partire dai bambini, come testimoniano i testi sapienziali, a partire dagli “Insegnamenti di Ptahhotep”, di cui sono stati commentati i passaggi più significativi sull’invecchiamento.

Questa considerazione sembra tutt’altro che casuale. Al contrario, la vecchiaia ha trasmesso agli antichi egizi una scienza che le generazioni più giovani possono apprendere solo attraverso l’istruzione. E arriviamo al fattore più attuale, ovvero l’“alleanza” tra le generazioni, che è inscindibile dalla fase matura della vita. Il “bastone della vecchiaia” non deve essere inteso esclusivamente come un’istituzione o un principio normativo che sancisce la trasmissione di compiti professionali da padre in figlio. Ma va oltre: esprime il desiderio di collegare le diverse fasi della vita in modo armonioso, fluido e cooperativo. Ci ricorda quanto abbiamo bisogno di questo tipo di lezioni oggi, a tutti i livelli, soprattutto nelle professioni.

Viviamo in un’epoca di transizione esponenziale e molto rapida, in cui i nativi digitali si confrontano con le generazioni più anziane. Questi ultimi, destinati a scomparire in massa dalle professioni e dai mestieri, sono chiamati a passare il testimone e a trasmettere conoscenze preziose che rischiano di andare perdute. L’antica tradizione egizia mostra un aspetto che è assolutamente importante considerare: la capacità delle persone anziane di costruire alleanze e dei giovani di abbracciare i propri valori.


Primavera Fisogni

La vieillesse est arrivée

2024 Lys Bleu Éditions

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