par Pascal Neveu
(FRA/ITA traduzione in fondo)
La nuit : songe créatif d’une nuit de juin ?
Juin 2024 est un moment de songes. Pour certains… les élections européennes, pour d’autres la commémoration d’un rêve : la libération de la France et de l’Europe. Combien ont songé, ont rêvé ? Combien à travers leurs rêves ont créé, ont inventé ?
Alors que l’été approche, que les corps et le psychisme vont se libérer de tensions annuelles, comment bien vivre cette période où l’été reste un songe si shakespearien ? Et plus… Vivant ! Alors que durant la nuit le corps est ressenti « mort » !
Tout d’abord, il faut bien rappeler que les rêves fascinent les philosophes et les artistes depuis des siècles. Ils ont été considérés comme des messages divins (les interprétations de Joseph auprès du Pharaon, les rêves et prémonitions de la Pythie…), un moyen de libérer la créativité et, depuis l’avènement de la psychanalyse au 19ème siècle, la clé pour accéder à notre inconscient.
C’est sans doute notre premier réflexe d’échange autour du petit déjeuner ou d’un café au bureau… Car ce monde qui nous échappe est entre la mort et le vivant… et peut-être des mises en garde des morts qui veillent sur nous.
Plus précisément, ces rêves « vivants » sont décrits depuis longtemps par les spécialistes. C’est ce qu’on appelle également des rêves lucides.
Le Professeur Isabelle Arnulf (auteure de « Une fenêtre sur les rêves », Ed. O. Jacob), chef de service de l’Unité des pathologies du sommeil à La Pitié-Salpêtrière, les décrit comme la capacité d’un rêveur d’être capable d’introspection tout en maintenant une conscience éveillée sur son rêve, en l’orientant, et pouvoir agir sur son développement personnel.
Cela permet d’ouvrir, de découvrir de nouvelles pièces de notre psychisme (d’ailleurs certains rêvent de nouvelles pièces dans une maison).
Lors de ces rêves, notre lobe frontal, sollicité dans les activités émotionnelles, de prise de conscience, intellectuelles… est alors plus largement activé.
Le travail du rêve amplifie donc notre capacité de créativité et de réactivité.
Ces rêves vivants ont une particularité : ils portent une force de vie intrinsèque qui échappe au rêveur et parlent de manière très frontale à celui qui le rêve et le conduit à « acter » son rêve, mais frappent également celui qui découvre par exemple une œuvre d’art. Car des peintres ont visionné leur future œuvre.
Qui n’a pas été interpellé par les tableaux de Jérôme Bosch, les gravures de Dürer, le monde de Dali… ? dont le contenu cauchemardesque, voire mythologique, nous rappelle les dédales de notre onirisme, à travers un inconscient collectif.
Comme l’artiste et nous-même nous nous noyons finalement dans des sentiments, entre rêve et réalité, comme la plupart d’entre nous, que nous l’admettions ou non, ou que nous l’ignorions à notre réveil, craignons mais vivons une forme d’anéantissement et d’oubli.
Un monde peuplé de masques, d’envolées, de chevaliers d’apocalypse… un tableau peut être cette fenêtre ouverte sur notre monde intérieur… cette inquiétante étrangeté qui nous parle tant.
La nuit est donc une machine à créer. N’oublions pas que de nombreux écrivains, musiciens, chercheurs, prix Nobel, génies… ont trouvé leurs réponses lors d’une nuit… en rêvant, en songeant !
Autrement dit, le sommeil, les rêves, la remémoration des rêves… restent des activités cérébrales à part entière qui facilitent l’exploration de nos facultés, afin de s’affranchir de nos propres limitations.
La créativité, c’est repenser un geste, un événement… en incluant de nouveaux paradigmes… comme le rêve et la nuit le permettent. Car l’inconscient se moque de nos limites et interdits.
Nous sommes des humains, pas des Koalas ou des animaux en hibernation. Et que savons nous de leurs nuits ?
Même si Freud, humain, utilisait la formule que le rêve est la voie royale d’accès à l’inconscient… il faut le rapporter à un contexte.
Pour autant, neurologue qu’il est, il sait, et l’évolution des technologies médicales, des recherches en neurosciences, de l’imagerie médicale le prouve… qu’il existe 2 voies neuronales distinctes.
L’une sensorielle qui remonte toutes les informations (nos 5 sens) au cerveau.
L’autre motrice qui mène à une action après traitement par le cerveau.
Et ce qui nous intéresse, c’est justement le traitement de l’information par le cerveau qui est « l’organe » le plus fabuleux de notre organisme, car portant la mémoire. Une mémoire inconsciente infinie qui fait que chaque ressenti, chaque moment de notre vie est élaboré, traité, accepté, refoulé…
Le traitement de l’information est comparable à celui d’un ordinateur.
Le meilleur moment du traitement de notre vécu, des ressentis sensoriels, émotionnels… a lieu durant le sommeil. Seul le passage de la phase de sommeil paradoxal au réveil permet la mémorisation du rêve. Car nous rêvons toute la nuit. On dort 7h par nuit en semaine et on se réveille.
Les chiffres en France : les troubles du sommeil sont fréquents. Selon les résultats du dernier rapport confirmé par les centres du sommeil, 16 % des Français déclarent souffrir d’insomnie, 17 % de troubles du rythme du sommeil, 5 % du syndrome des jambes sans repos et 4% d’apnée du sommeil. Les Français les plus touchés par un trouble du sommeil seraient les 55 -67 ans, mais le sommeil des Français s’avère de mauvaise qualité. 73 % prétendent se réveiller au moins une fois par nuit environ 30 minutes. Des nuits réduites et entrecoupées qui agissent sur l’éveil dans la journée. 25 % reconnaissent somnoler le jour, notamment les 25-34 ans.
Ces jeunes disent avoir besoin de se connecter sur leurs smartphones et donc entrer dans un autre fonctionnement du songe. 4 Français sur 10 utilisent l’ordinateur, la tablette, le smartphone le soir dans leur lit. 3 Français sur 10 regardent la télévision dans leur lit.
Je pense qu’il faut tout d’abord différencier le fonctionnement cérébral du fonctionnement psychique, même s’il existe une interaction entre les deux. Le cerveau peut être comparé à un ordinateur qui donne une réponse suite à une stimulation. Le psychisme peut, quant à lui, être comparable à un serveur qui enregistre des milliards de données liées à notre vécu, notre environnement, nos connaissances, notre éducation, notre personnalité construite à travers notre identité… et qui va répondre de manière complexe en fonction de nos interdits, nos conflits, notre représentation du monde, nos angoisses…
En ce qui concerne la créativité, on sait, par exemple, depuis le début des années 2000, que le sommeil améliore les capacités d’apprentissage.
On sait également que les somnambules répètent la nuit des événements de la veille.
On a également identifié que des rêves anxieux (rater son train, être agressé…) sont des « entraînements » psychiques, d’anticipation face à un événement futur.
Sans doute est-ce un reste de notre cerveau reptilien, et d’époques lointaines où chasse, guerres, mécanismes de survie alimentaient notre vie psychique quotidienne.
Que ce soit chez les étudiants, les artistes, les sportifs, les dirigeants… non seulement les rêves, mais le fait de se rappeler ses rêves, de les revivre, amplifie notre organisation psychique et cérébrale via un dialogue intérieur : l’intériorisation du rêve (l’événement du rêve), son traitement (mon Moi face à cet événement ; le traitement des données par mon cerveau, ma mémoire, mes réussites, mes échecs, mes émotions positives et négatives…) et l’extériorisation du rêve (ma réponse à l’événement).
Nous pouvons vivre des songes, des sommeils perturbés, décrits dans la littérature clinique, des cauchemars ou rêves différents… L’usine à rêve étant le cerveau, nous avons tous des nuits différentes et des moments d’envolées « créatives » ou non, en tout cas de pensées qui nous interpellent.
La notte: sogno creativo di una notte di giugno?
di Pascal Neveu
Giugno 2024 è il momento dei sogni. Per alcuni… le elezioni europee, per altri la commemorazione di un sogno: la liberazione della Francia e dell’Europa. Quanti hanno pensato, sognato? Quanti hanno creato e inventato attraverso i loro sogni?
Con l’avvicinarsi dell’estate, con il corpo e la mente che si liberano dalle tensioni annuali, come vivere bene questo periodo in cui l’estate resta un sogno shakespeariano? E altro ancora… Vivo, mentre durante la notte il corpo si sente “morto”!
Innanzitutto bisogna ricordare che i sogni affascinano da secoli filosofi e artisti. Sono stati considerati messaggi divini (le interpretazioni di Giuseppe al Faraone, i sogni e le premonizioni della Pizia, ecc.), un mezzo per liberare la creatività e, dall’avvento della psicoanalisi nel XIX secolo, la chiave di accesso al nostro inconscio.
È senza dubbio la nostra prima riflessione davanti alla colazione o al caffè in ufficio… Perché questo mondo che ci sfugge è tra la morte e i vivi… e forse gli avvertimenti dei morti che vegliano su di noi.
Più precisamente, questi sogni “viventi” sono stati descritti dagli specialisti da molto tempo. Questi sono anche chiamati sogni lucidi.
La professoressa Isabelle Arnulf (autrice di “Una finestra sui sogni”, Ed. O. Jacob), responsabile dell’Unità di Patologia del sonno presso La Pitié-Salpêtrière, li descrive come la capacità di un sognatore di essere capace di introspezione pur mantenendo la consapevolezza dei propri sogni. Sognare e poter agire sul proprio sviluppo personale.
Questo ci permette di aprirci e scoprire nuove parti della nostra psiche (alcune persone sognano nuove stanze in una casa).
Durante questi sogni, il nostro lobo frontale, utilizzato nelle attività emotive, di sensibilizzazione, intellettuali, ecc., viene quindi più ampiamente attivato.
Il lavoro onirico amplifica quindi la nostra capacità di creatività e reattività.
Questi sogni viventi hanno una particolarità: portano con sé una forza vitale intrinseca che sfugge al sognatore e parlano in modo molto diretto alla persona che li sogna e la portano a “recitare” il suo sogno, ma colpiscono anche chi scopre, ad esempio, un’opera d’arte.
Chi non è rimasto incuriosito dai dipinti di Hieronymus Bosch, dalle incisioni di Dürer, dal mondo di Dalì…? il cui contenuto da incubo, persino mitologico, ci ricorda i labirinti del nostro paesaggio onirico, attraverso un inconscio collettivo.
Come l’artista e noi stessi, alla fine anneghiamo nei sentimenti, tra sogno e realtà, come la maggior parte di noi, che lo ammettiamo o no, o lo ignoriamo quando ci svegliamo, temiamo e viviamo una forma di annientamento e oblio.
Un mondo popolato di maschere, voli pindarici, cavalieri dell’apocalisse… un dipinto può essere questa finestra aperta sul nostro mondo interiore… questa inquietante stranezza che ci parla.
La notte è quindi una macchina creativa. Non dimentichiamo che molti scrittori, musicisti, ricercatori, premi Nobel, geni… hanno trovato le loro risposte in una notte… sognando, pensando!
In altre parole, il sonno, i sogni, il ricordo dei sogni… restano a pieno titolo attività cerebrali che facilitano l’esplorazione delle nostre facoltà, per liberarci dai nostri limiti.
La creatività è ripensare un gesto, un evento… includendo nuovi paradigmi… come lo permettono i sogni e la notte. Perché l’inconscio si prende gioco dei nostri limiti e dei nostri divieti.
Siamo esseri umani, non Koala o animali in letargo. E cosa sappiamo delle loro notti?
Anche se Freud, da umano, ha usato la formula secondo cui i sogni sono la via maestra verso l’inconscio… devono comunque essere correlati a un contesto.
Tuttavia, Arnulf da neurologo quale è, sa, e l’evoluzione delle tecnologie mediche, la ricerca nelle neuroscienze e l’imaging medico lo dimostrano… che esistono 2 percorsi neuronali distinti.
Quello sensoriale che invia tutte le informazioni (i nostri 5 sensi) al cervello.
L’altro motrice che porta ad un’azione dopo l’elaborazione da parte del cervello.
E ciò che ci interessa è proprio l’elaborazione delle informazioni da parte del cervello che è l’“organo” più favoloso del nostro corpo, perché portatore di memoria. Una memoria inconscia infinita che fa sì che ogni sentimento, ogni momento della nostra vita, venga elaborato, processato, accettato, rimosso…
L’elaborazione delle informazioni è paragonabile a quella di un computer.
Il momento migliore per elaborare la nostra esperienza, le sensazioni sensoriali ed emotive, ecc. avviene durante il sonno. Solo il passaggio dalla fase paradossale del sonno al risveglio permette di memorizzarlo. Sogniamo tutta la notte. Dormiamo 7 ore per notte durante la settimana.
I numeri in Francia: i disturbi del sonno sono comuni. Secondo i risultati dell’ultimo rapporto confermato dai centri del sonno, il 16% dei francesi soffre di insonnia, il 17% di disturbi del ritmo del sonno, il 5% di sindrome delle gambe senza riposo e il 4% di apnea notturna. I francesi più colpiti da disturbi del sonno sarebbero quelli di età compresa tra 55 e 67 anni, ma il sonno dei francesi è di scarsa qualità. Il 73% afferma di svegliarsi almeno una volta a notte per circa 30 minuti. Notti ridotte e spezzate che influiscono sulla veglia durante il giorno. Il 25% ammette di sonnecchiare durante il giorno, in particolare quelli di età compresa tra 25 e 34 anni.
Questi giovani dicono di aver bisogno di connettersi al proprio smartphone e quindi di entrare in un modo diverso di sognare. 4 francesi su 10 utilizzano computer, tablet e smartphone la sera a letto. 3 francesi su 10 guardano la televisione a letto.
Penso che bisogna innanzitutto distinguere tra funzionamento cerebrale e funzionamento psichico, anche se tra i due esiste un’interazione. Il cervello può essere paragonato a un computer che fornisce una risposta in seguito alla stimolazione. La psiche può, dal canto suo, essere paragonabile a un server che registra miliardi di dati legati alla nostra esperienza, al nostro ambiente, alle nostre conoscenze, alla nostra educazione, alla nostra personalità costruita attraverso la nostra identità… e che risponderà in modo complesso a seconda sui nostri divieti, sui nostri conflitti, sulla nostra rappresentazione del mondo, sulle nostre ansie…
Per quanto riguarda la creatività, sappiamo, ad esempio, fin dai primi anni 2000, che il sonno migliora le capacità di apprendimento.
È anche noto che i sonnambuli ripetono di notte gli eventi del giorno precedente.
Abbiamo anche individuato che i sogni d’ansia (perdere il treno, essere aggrediti, ecc.) sono un “allenamento” psicologico, un’anticipazione di un evento futuro.
Senza dubbio si tratta di un residuo del nostro cervello rettiliano, e di tempi lontani in cui la caccia, le guerre, i meccanismi di sopravvivenza alimentavano la nostra vita psichica quotidiana.
Che sia tra studenti, artisti, atleti, manager… non solo i sogni, ma il fatto di ricordare i propri sogni, di riviverli, amplifica l’organizzazione psichica e cerebrale attraverso un dialogo interiore: l’interiorizzazione del sogno (l’evento onirico), la sua elaborazione (il mio Sé di fronte a questo evento; l’elaborazione dei dati da parte del mio cervello, la mia memoria, i miei successi, i miei fallimenti, le mie emozioni positive e negative, ecc.) e l’esternalizzazione del sogno (la mia risposta all’evento).
Possiamo sperimentare sogni, disturbi del sonno, descritti nella letteratura clinica, incubi o sogni diversi… Essendo la fabbrica dei sogni il cervello, tutti noi abbiamo notti e momenti di voli “creativi” o meno, in ogni caso si tratta di pensieri che ci sfidano .