par Thémélis Diamantis
(FRA/ITA, traduzione in fondo)
Outre le fait de tonifier notre corps, le sport a un effet positif sur l’activité sexuelle, notamment au niveau de la production de testostérone qui constitue l’hormone principale de la libido. (https://universpharmacie.fr/blog/article/sport-et-libido-font-bon-menage.html)
«Σήκωσέ το…, …το γαμημένο, δεν μπορώ…, δεν μπορώ να περιμένω.» (Chant des supporters grecs lors de l’Euro 2004)
Toutes les personnes disposant d’un avis sur la psychanalyse sans jamais en avoir lu une seule ligne vous le diront : Freud ramène toujours tout à la sexualité. Prenant appui sur les métaphores sexuelles dans le domaine du sport, je chercherai à défendre l’idée inverse : c’est la métaphore qui prime sur la sexualité, les faits de parole sur les faits physiques.
Si la sexualité (ou plus généralement les pulsions[1]) – du fait de l’engagement des corps et des soubassements pulsionnels qui les constituent – participe indéniablement aux activités sportives[2], elle en excède la case aussitôt mise en langage (au travers des métaphores sexuelles portant sur elles), pour investir le champ du symbolique, de la représentation ou de la détermination du monde par le signifiant. L’enjeu dès lors n’est plus tant la sexualité en elle-même dans le sport que le rapport au monde dont le sujet fait preuve, révélé par le langage. Une fois métaphorisées par celui-ci, les questions se rapportant à la libido, dans le sport comme ailleurs, ouvrent sur un espace plus large – celui des représentations en termes psychiques et symboliques – qui dépasse les enjeux pulsionnels limités aux corps qui en fournissent l’énergie. Autrement dit, certains facteurs spécifiquement sexuels accèdent, du fait de leur valeur symbolique et des représentations que leur mise en mots génèrent, au rang d’enjeux psychiques lesquels engagent le sujet sur le plan de son rapport au monde et non seulement à sa sexualité (au sens restreint du terme). Freud, dans « Pulsions et destins des pulsions » (1915) mettait déjà en évidence les liens entre la curiosité sexuelle infantile et l’intérêt pour le savoir (épistémophilie). Mélanie Klein, quant à elle, dans l’analyse du petit Félix, avait montré comment le fond sexuel des symptômes de l’enfant pouvait aussi bien investir chez lui le domaine de l’école que du sport.
Sur le plan strictement sportif, cette idée semble à première vue contredite par des manifestations symboliques ayant explicitement trait au domaine sexuel, produites en actes ou en mots sur les terrains ou les stades : on peut évidemment penser à certaines célébrations de footballeurs venant de marquer un but, ou au poing et aux mouvements de bras rageurs des joueurs (et joueuses) de tennis venant de remporter un point… quand, pour certains, ils ne fracassent pas leur raquette au sol dans un mouvement de colère ou de frustration. C’est à qui sautera le plus loin ou le plus haut, courra le plus vite, marquera le plus de buts ou de points, qui mieux que les autres mettra la balle dans le trou, qui portera plus de coups à l’adversaire qu’il ne s’en prendra de lui, etc. La même tonalité semble prévaloir autour des stades si l’on pense aux chants de certains supporters, principalement de football, dont le soutien à leurs champions ou les insultes à l’intention de leurs adversaires ou des arbitres prend une forme ouvertement sexualisée (et souvent douteuse, voire insultante).
D’une manière générale, il semble avéré que les compétitions sportives et l’engouement qu’elles suscitent révèlent des enjeux que la psychanalyse situe autour des questions du phallus et de la castration.
Jacques Lacan, dans son intervention intitulée « La signification du phallus » (1958), en plus de souligner la différence entre le pénis (l’organe masculin dans sa dimension physiologique) et le phallus symbolique, précise de ce dernier qu’il est un signifiant (essentiellement du désir). Avant lui, la valeur symbolique du phallus avait d’ailleurs aussi été mise en évidence par Freud qui en faisait – notamment autour de sa définition du stade phallique – un symbole universel du pouvoir, des moyens d’action, de la puissance ou de la force, de la virilité, de la fécondité, etc. qu’il problématisait, au cours de cette étape structurelle majeure du développement psychoaffectif, autour de la question suivante : posséder le phallus ou être châtré[3]. Sans m’engager plus avant ce débat, je me limiterai à dire que si une articulation entre le pénis et le phallus existe, les deux ne se confondent pas et que c’est bien le phallus qui fait l’objet de la métaphore, non le pénis.
En sport, sera reconnu vainqueur celui qui aura surpassé ses concurrents en s’étant montré plus fort (physiquement mais aussi souvent mentalement) que ces derniers. La consécration à laquelle la victoire mène serait donc celle du phallus et des propriétés qui lui sont associées. On célèbre le vainqueur dont on reconnaît la force et la domination sur les autres compétiteurs : en Formule 1 – pour prendre un exemple frôlant la carricature – le vainqueur, installé sur la plus haute marche du podium, après avoir maîtrisé sa machine et ses nerfs, géré sa logistique de course, pris les risques qu’il fallait (notamment lors de dépassements), etc. arrosera le public avec le contenu de la bouteille de Champagne qu’il aura au préalable vigoureusement secouée à cet effet… À la compétence (phallique) dont le pilote aura fait preuve succède la jouissance à laquelle elle conduit.
La horde primitive des fils dont Freud parle dans la quatrième partie de Totem et tabou (1913) se battrait-elle alors, sur les terrains de sport, pour la possession du phallus et la reconnaissance de son autorité par les tiers vaincus et les foules admiratives qui par identification projective s’en approprieraient les avantages ? On pourrait le penser en contemplant les vainqueurs de la Coupe du monde de football brandir au-dessus de leur tête un trophée de forme manifestement phallique. Les sportifs seraient-ils pour autant la version humaine des singes Bonobo aspirant au rang de mâle alpha pour la possession des femelles et la domination sur les autres mâles du groupe ? Une telle idée me semble d’autant plus réductrice[4] qu’elle confond les plans de l’action (et des corps les produisant) et du langage en proposant la métaphore. La sexualité, au lieu de clôturer le débat sur le sport, ouvre au contraire sur celui des signifiés du langage. Quand les archers disent qu’ils bandent leur arc et que des escrimeurs s’invitent à tirer un coup, peut-être évoquent-ils des questions auxquelles la sexualité conduit sans les résumer pour autant à cette dernière. La sexualité ouvre sur le champ du langage plus que ce dernier n’en renvoie ou n’en réduit toutes les manifestations symboliques ou métaphorisées à celle-ci.
J’en illustrerai le principe par un récit personnellement entendu il y a plus de vingt ans par l’intermédiaire de mon autoradio, alors que je me rendais le matin à mon cabinet. Le bulletin sportif venait de m’apprendre que l’équipe du Lausanne Hockey Club avait la veille perdu son match. Un journaliste avait à cette occasion recueilli les impressions à chaud d’un des joueurs de l’équipe défaite. Je précise que les propos que je rapporte ici sont mot pour mot ceux qui ont été prononcés. À la question : « comment analysez-vous cette défaite ? », le joueur a répondu : « On était complètement impuissants ; il nous a manqué à chaque fois le dernier coup de rein pour la mettre au fond. »
On ne peut évidemment s’empêcher de sourire devant la répétition de termes et de tournures sémantiques évoquant une action sexuelle (en l’occurrence contrariée…). Mais au fond, de quoi ce sportif parle-t-il ? Des tourments relatifs à sa sexualité ou de son match ? Il ne fait aucun doute, à mes yeux, qu’il le fait du second, auquel son rapport propre à la sexualité (par la référence inconsciente aux questions du phallus et de la castration) offre un espace de verbalisation et même un canal de communication en direction des tiers. Son analyse de la défaite subie est interne et non externe. C’est sur ce même plan qu’elle vient à la rencontre de ceux qui l’entendent, qu’elle diffuse son éclairage intime jusqu’à eux.
En bonne logique, si son équipe s’est montrée « totalement impuissante », « le coup de rein pour la mettre au fond » était voué à l’échec … Ce soir-là, pourrait-on dire, son équipe a connu une « panne », les cannes ont manqué de puissance et n’ont pas fait trembler les filets de l’équipe adverse… Pourtant, c’est bien de son match que cet homme nous parle. Une partie de hockey est une compétition sportive, non une activité sexuelle. En parler dans un vocabulaire sexualisé ne change rien à cette vérité. Sous sa forme métaphorisée, la sexualité ne parle pas d’elle-même mais des moyens mis en œuvre, de leur efficacité (variable) et des sentiments qui découlent du résultat auquel ils ont mené.
Le joueur de l’exemple ne décrit pas davantage un acte sexuel qu’il ne fait référence à des séquences précises de la partie ou à des aspects techniques du jeu. Ses mots témoignent de son ressenti. Ils apportent un éclairage, une expression intime à des faits s’étant déroulés dans un espace public, donnant à comprendre non ce qui sur la glace s’est réellement passé, mais le sentiment subjectivement éprouvé à cette occasion. Les propos de ce sportif évoquent un état psychologique et non un état objectif des faits ; ils ne concernent au fond même plus le match lui-même car ils traduisent le paysage interne de celui qui par la mise en mots métaphorique d’un événement auquel il a pris part en partage le ressenti avec d’autres. Le journaliste a demandé une analyse de la défaite ; il l’a obtenue non par un commentaire a posteriori ou externe aux faits de jeu mais par le regard interne porté sur eux par quelqu’un y ayant directement participé. C’est à un éclairage interne d’une réalité externe que la métaphore sexuelle sert ici. Elle emploie la sexualité comme moyen de langage afin d’opérer une restitution subjective d’autant plus parlante que la référence inconsciente au champ sexuel ouvre sur une compréhension du propos par le ressenti et la résonance interne qu’elle produit chez les auditeurs. De telles métaphores sont plus parlantes qu’explicatives. À l’instar des la série des nymphéas de Monet, la métaphore sexuelle évoque un objet plus qu’elle ne l’explique. Elle donne à entendre plus qu’à voir car chacun en comprend le sens par l’écho intime qu’elle produit chez lui, notamment par la sollicitation inconsciente de ses propres fondations sexuelles (structurelles). Au fond ce sportif ne dit rien d’autre que si des moyens ne fonctionnent pas, s’ils sont mal employés ou contrés par ceux des adversaires, ils conduisent l’équipe à la défaite et les joueurs vaincus à un sentiment d’impuissance…un sentiment et non à un état d’impuissance physiologique ou sexuelle. La nuance mérite d’être relevée.
Nombre de sportifs et de commentateurs du sport – journalistes ou simples amateurs – mettent d’ailleurs fréquemment en exergue les émotions que leur procurent les événements sportifs auxquels ils prennent part. Ces dernières, plus que la « sexualité » en jeu dans le sport, du fait du discours auquel il donne naissance, ne participeraient-elles alors pas aussi au motif et au sens des manifestations sportives ? Sous ce jour, la métaphorisation du sport servirait à la mise en mots des émotions autour de l’usage des moyens et des destins qu’ils rencontrent puisque ce qui est en jeu dans les compétitions sportives et autour de celles-ci, comme nous l’avons vu, gravite prioritairement – de manière effective ou projective – autour de la symbolique du phallus et des enjeux qui s’y rattachent. Leur mise en langage métaphorisée conduit parfois de manière tranchée ( !) à des sentiments non-nuancés de pouvoir ou de castration, réactivant au passage en chacun des étapes cruciales de son propre développement psychosexuel.
Au-delà des thématiques du sport, de la sexualité qu’il met en jeu et du langage dont il fait l’objet, la question à laquelle aboutit cette réflexion doit inviter à un questionnement plus large, dépassant le seul champ sportif. Au-delà de savoir qui incarne la possession du phallus n’est-il pas plus important de s’interroger sur l’usage qui en est fait par ceux auxquels sa possession est précisément reconnue ?
Le sport relève d’une forme de jeu. On dit jouer au football et on parle de Jeux olympiques. Au fond, dans le jeu, rien de vraiment grave ne peut arriver. Comme le disent les enfants quand eux-mêmes jouent : c’est pour « de faux ». Dans le domaine sportif, quand une compétition s’achève, une nouvelle commence. Et le « cirque »[5] repart. Panem et circenses, ironisait déjà le poète satyrique romain Juvénal (Satyre X, tiré du vers 81), mettant en correspondance l’intérêt de ses contemporains pour les jeux du Cirque avec leur désintérêt sur les sujets politiques.
Dans ce dernier domaine, plus particulièrement, quel est le bon usage du pouvoir et de ses attributs ? Le vainqueur d’une élection ou d’une guerre l’incarne-t-il du seul fait de l’avoir remportée ? Gagne-t-on contre ou avec autrui ? Agit-on contre ou avec lui ? La loi du plus fort est-elle forcément la meilleure ? Tout vainqueur doit-il être admiré ? Hors du registre du jeu, le pouvoir et ses applications n’en est plus un.
Sur le plan collectif, le pouvoir des uns ne saurait conduire à la castration des autres. L’encadrement de toutes les activités mettant les pulsions en jeu est un enjeu sociétal majeur, comme Freud en énonçait déjà le principe dans Malaise dans la culture (1930).
Où se situe la frontière entre l’exercice et l’abus de pouvoir ? Entre le jeu et son dévoiement, voire sa perversion[6] ? À l’inverse des compétitions sportives qui sont régies par des règles, les personnes produisant des agirs violents à l’égard de tiers – dans la sphère privée comme dans celle publique – ne s’embarrassent d’aucune métaphore ; de telles personnes simplement passent à l’acte, imposent leurs désirs et leur pouvoir aux autres. “They let you do. You can do anything. Grab’em by the pussy” confia un jour où il ne se savait pas filmé Donald Trump à son interlocuteur à propos des femmes. Volodymyr Zelensky – qui pourtant n’est pas une femme… – en a amèrement expérimenté le sens dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 28 février dernier…
Quand les pulsions disposent d’un espace de réalisation encadré, comme dans le sport, la fiction ou dans une sexualité désirée et vécue dans le partage, elles peuvent s’exprimer sans risque et mener à des formes différenciées de plaisir. C’est au contraire dans des agirs échappant à toute forme de sublimation ou de secondarisation pulsionnelle – autrement dit aussi quand elles ne donnent plus lieu à des métaphores – qu’elles représentent un danger réel pour les individus et l’espace commun.
[1] Notamment les pulsions hétéro-agressives.
[2] En précisant que je limiterai volontairement mon propos aux compétitions sportives.
[3] Indépendamment d’être un homme ou une femme, comme le rappellent J. Laplanche et J.-B. Pontalis dans leur Vocabulaire de la psychanalyse.
[4] À défaut de devoir être entièrement écartée…
[5] Terme d’ailleurs fréquemment utilisé dans les milieux concernés pour qualifier la coupe du monde de ski ou la saison de Formule 1 du fait du caractère itinérant des compétitions.
[6] Par exemple identifiable dans les personnages du Vicomte de Valmont et de la Marquise de Merteuil dans Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos.
Metafora e sessualità nello sport: è nato prima l’uovo o la gallina?
di Thémélis Diamantis
Chiunque abbia un’opinione sulla psicoanalisi senza averne mai letta una sola riga, ti dirà: Freud riconduce sempre tutto alla sessualità. Facendo ricorso alle metafore sessuali nel campo dello sport, cercherò di difendere l’idea opposta: è la metafora ad avere la precedenza sulla sessualità, i fatti del discorso sui fatti fisici.
Se la sessualità (o più in generale le pulsioni) – in virtù del coinvolgimento dei corpi e dei fondamenti istintivi che li costituiscono – partecipa innegabilmente alle attività sportive, essa trascende la scatola immediatamente posta nel linguaggio (attraverso le metafore sessuali che le riguardano), per investire il campo del simbolico, della rappresentazione o della determinazione del mondo da parte del significante. Il problema non è più quindi tanto la sessualità in sé nello sport, quanto il rapporto che il soggetto dimostra con il mondo, svelato dal linguaggio. Una volta metaforizzate in questo modo, le questioni relative alla libido, nello sport come altrove, aprono uno spazio più ampio – quello delle rappresentazioni in termini psichici e simbolici – che va oltre le questioni pulsionali limitate ai corpi che forniscono l’energia. In altre parole, alcuni fattori specificamente sessuali, per il loro valore simbolico e per le rappresentazioni che la loro espressione genera, diventano questioni psicologiche che impegnano il soggetto nel suo rapporto con il mondo e non solo nella sua sessualità (nel senso ristretto del termine). Già Freud, in “Punti e destini degli istinti” (1915), aveva evidenziato i legami tra la curiosità sessuale infantile e l’interesse per la conoscenza (epistemofilia). Melanie Klein, da parte sua, nella sua analisi del piccolo Felix, aveva mostrato come la base sessuale dei sintomi del bambino potesse influenzare in egual misura l’ambito scolastico e quello sportivo.
Sul piano strettamente sportivo, questa idea sembra a prima vista contraddetta da manifestazioni simboliche esplicitamente legate alla sfera sessuale, prodotte in atti o parole sui campi o negli stadi: si pensi ovviamente a certe esultanze dei calciatori che hanno appena segnato un gol, o ai movimenti rabbiosi dei pugni e delle braccia dei tennisti che hanno appena vinto un punto… quando, per alcuni, non sbattono la racchetta a terra in un gesto di rabbia o frustrazione. Si tratta di chi salterà più lontano o più in alto, correrà più velocemente, segnerà più gol o punti, chi metterà la palla in buca meglio degli altri, chi colpirà l’avversario più di quanti ne subirà, ecc. Lo stesso tono sembra prevalere negli stadi se pensiamo ai cori di certi tifosi, principalmente tifosi di calcio, il cui sostegno ai loro campioni o gli insulti rivolti agli avversari o agli arbitri assumono una forma apertamente sessualizzata (e spesso dubbia, persino offensiva).
In generale, sembra chiaro che le competizioni sportive e l’entusiasmo che generano mettono in luce problematiche che la psicoanalisi pone attorno alle questioni del fallo e della castrazione.
Jacques Lacan, nel suo discorso intitolato “Il significato del fallo” (1958), oltre a sottolineare la differenza tra il pene (l’organo maschile nella sua dimensione fisiologica) e il fallo simbolico, specifica che quest’ultimo è un significante (essenzialmente del desiderio). Prima di lui, il valore simbolico del fallo era stato messo in luce anche da Freud, che ne aveva fatto – in particolare attorno alla sua definizione dello stadio fallico – un simbolo universale di potenza, mezzo d’azione, potenza o forza, virilità, fertilità, ecc., e che aveva problematizzato, durante questa importante tappa strutturale dello sviluppo psicoaffettivo, attorno alla seguente questione: possedere il fallo o essere castrati. Senza addentrarmi ulteriormente in questo dibattito, mi limiterò a dire che se esiste un’articolazione tra pene e fallo, i due non si confondono e che è proprio il fallo l’oggetto della metafora, non il pene.
Nello sport, il vincitore sarà colui che avrà superato i propri avversari dimostrandosi più forte (fisicamente, ma spesso anche mentalmente) di loro. La consacrazione a cui conduce la vittoria sarebbe dunque quella del fallo e delle proprietà ad esso associate. Celebriamo il vincitore la cui forza e il cui dominio sugli altri concorrenti sono riconosciuti: in Formula 1 – per fare un esempio al limite della caricatura – il vincitore, installato sul gradino più alto del podio, dopo aver padroneggiato la sua macchina e i suoi nervi, gestito la logistica della corsa, preso i rischi necessari (in particolare nei sorpassi), ecc., annaffierà il pubblico con il contenuto della bottiglia di Champagne che avrà precedentemente agitato energicamente a questo scopo… All’abilità (fallica) che il pilota avrà dimostrato seguirà il piacere a cui essa conduce.
L’orda primitiva di figli di cui parla Freud nella quarta parte di Totem e tabù (1913) combatterebbe allora, sui campi sportivi, per il possesso del fallo e il riconoscimento della sua autorità da parte dei terzi sconfitti e delle folle ammiratrici che, per identificazione proiettiva, se ne approprierebbero i vantaggi? Si potrebbe pensare di sì, guardando i vincitori della Coppa del Mondo sollevare sopra le loro teste un trofeo dalla forma palesemente fallica. Gli atleti sono la versione umana delle scimmie bonobo, che aspirano al rango di maschi alfa per il possesso delle femmine e il dominio sugli altri maschi del gruppo? Un’idea del genere mi sembra tanto più riduttiva in quanto, proponendo la metafora, confonde i piani dell’azione (e dei corpi che li producono) e del linguaggio. La sessualità, invece di chiudere il dibattito sullo sport, apre il dibattito sui significati del linguaggio. Quando gli arcieri dicono di tendere l’arco e gli schermidori si invitano a vicenda a tirare, forse si riferiscono alle questioni che la sessualità solleva, senza necessariamente ridurle a queste ultime. La sessualità si apre al campo del linguaggio più di quanto questo vi rinvii o riduca ad esso tutte le sue manifestazioni simboliche o metaforiche.
Vorrei illustrare questo principio con una storia che ho sentito personalmente più di vent’anni fa alla radio della mia auto, mentre guidavo verso il mio ufficio la mattina. Il bollettino sportivo mi aveva appena informato che la squadra dell’Hockey Club di Losanna aveva perso la partita del giorno prima. In questa occasione un giornalista aveva raccolto le impressioni immediate di uno dei giocatori della squadra sconfitta. Vorrei sottolineare che le parole che riporto qui sono parola per parola quelle che sono state pronunciate. Alla domanda: «Come analizzi questa sconfitta?», il giocatore ha risposto: «Eravamo completamente impotenti; sbagliavamo sempre l’ultimo affondo per mandarla in fondo».
Non si può fare a meno di sorridere di fronte alla ripetizione di termini e di giri di parole semantici che evocano un’azione sessuale (in questo caso, frustrata…). Ma di cosa sta realmente parlando questo atleta? Hai qualche preoccupazione riguardo alla sua sessualità o alla sua compagna? Non c’è dubbio, ai miei occhi, che lo faccia con quest’ultimo, al quale il suo stesso rapporto con la sessualità (attraverso il riferimento inconscio alle questioni del fallo e della castrazione) offre uno spazio di verbalizzazione e perfino un canale di comunicazione verso terzi. La sua analisi della sconfitta subita è interna e non esterna. È a questo stesso livello che incontra coloro che la ascoltano, che diffonde loro la sua intima illuminazione.
Logicamente, se la sua squadra appariva “totalmente impotente”, “lo sforzo di mandarla in rete” era destinato al fallimento… Quella sera, si potrebbe dire, la sua squadra ha avuto un “crollo”, i bastoni mancavano di potenza e non scuotevano le reti avversarie… Tuttavia, è proprio della sua partita che quest’uomo ci parla. Una partita di hockey è una competizione sportiva, non un’attività sessuale. Parlarne in un linguaggio sessualizzato non cambia questa verità. Nella sua forma metaforica, la sessualità non parla di sé stessa, ma dei mezzi impiegati, della loro (variabile) efficacia e delle sensazioni che scaturiscono dal risultato a cui hanno condotto.
Il giocatore nell’esempio non sta descrivendo un atto sessuale, né si riferisce a sequenze specifiche del gioco o ad aspetti tecnici dello stesso. Le sue parole riflettono i suoi sentimenti. Forniscono un’espressione intima e illuminante su eventi accaduti in uno spazio pubblico, aiutando a comprendere non tanto ciò che è realmente accaduto sul ghiaccio, quanto piuttosto la sensazione soggettivamente provata in quell’occasione. I commenti dell’atleta evocano uno stato psicologico e non uno stato di cose oggettivo; Non riguardano più nemmeno la partita in sé, poiché riflettono il paesaggio interiore della persona che, attraverso l’espressione metaforica di un evento a cui ha preso parte, ne condivide il sentimento con gli altri. Il giornalista ha chiesto un’analisi della sconfitta; l’ha ottenuta non attraverso un commento a posteriori o esterno ai fatti della partita, ma attraverso la visione interna di essi da parte di qualcuno che vi ha partecipato direttamente. La metafora sessuale serve qui a gettare luce interiore su una realtà esterna. Utilizza la sessualità come mezzo di linguaggio per giungere a una restituzione soggettiva che è tanto più significativa in quanto il riferimento inconscio al campo sessuale apre alla comprensione del soggetto attraverso i sentimenti e la risonanza interna che produce negli ascoltatori. Tali metafore sono più eloquenti che esplicative. Come la serie delle ninfee di Monet, la metafora sessuale evoca un oggetto più di quanto lo spieghi. Ci dà più da sentire che da vedere, perché ognuno ne comprende il significato attraverso l’eco intima che produce in sé, in particolare attraverso la sollecitazione inconscia dei propri fondamenti sessuali (strutturali). In sostanza, questo atleta non sta dicendo altro che se i mezzi non funzionano, se vengono usati male o contrastati da quelli degli avversari, portano la squadra alla sconfitta e i giocatori sconfitti a un sentimento di impotenza… un sentimento e non uno stato di impotenza fisiologica o sessuale. Questa sfumatura merita di essere sottolineata.
Molti atleti e commentatori sportivi, giornalisti o semplici amatori, mettono spesso in risalto le emozioni che suscitano in loro gli eventi sportivi a cui prendono parte. Quest’ultima, più della “sessualità” in gioco nello sport, non parteciperebbe anch’essa, per il discorso che suscita, al movente e al senso degli eventi sportivi? In quest’ottica, la metaforizzazione dello sport servirebbe a mettere in parole le emozioni che circondano l’uso dei mezzi e i destini che questi incontrano, poiché ciò che è in gioco nelle competizioni sportive e nei loro dintorni, come abbiamo visto, gravita principalmente – in modo efficace o proiettivo – attorno al simbolismo del fallo e alle questioni a esso correlate. Il loro linguaggio metaforico conduce talvolta in modo netto (!) a sentimenti incondizionati di potere o di castrazione, riattivando di passaggio fasi cruciali dello sviluppo psicosessuale di ogni persona.
Al di là delle tematiche sportive, della sessualità che coinvolge e del linguaggio a cui è sottoposta, la domanda a cui conduce questa riflessione dovrebbe invitare a interrogarsi più ampiamente, andando oltre il solo ambito sportivo. Oltre a sapere chi incarna il possesso del fallo, non è forse più importante interrogarsi sull’uso che ne fanno coloro ai quali viene precisamente riconosciuto il possesso?
Lo sport è una forma di gioco. Parliamo di calcio e parliamo delle Olimpiadi. In pratica, nel gioco non può succedere nulla di veramente brutto. Come dicono i bambini quando giocano: è “finto”. Nello sport, quando finisce una competizione, ne inizia una nuova. E il “circo” ricomincia. Panem et circenses, ironizzava già il poeta satiresco romano Giovenale (Satiro X, tratto dal verso 81), paragonando l’interesse dei suoi contemporanei per i giochi del Circo con il loro disinteresse per gli argomenti politici.
In quest’ultimo ambito, più in particolare, qual è l’uso appropriato del potere e dei suoi attributi? Il vincitore di un’elezione o di una guerra incarna forse questa idea semplicemente per averla vinta? Vinciamo contro o con gli altri? Agiamo contro di lui o con lui? La legge del più forte è necessariamente la migliore? Ogni vincitore dovrebbe essere ammirato? Al di fuori del registro di gioco, il potere e le sue applicazioni non sono più la stessa cosa.
A livello collettivo, il potere di alcuni non può portare alla castrazione di altri. La supervisione di tutte le attività che coinvolgono impulsi è una questione sociale di primaria importanza, come già affermato da Freud nel suo Il disagio della cultura (1930).
Dov’è il confine tra esercitare e abusare del potere? Tra il gioco e la sua distorsione, perfino la sua perversione? A differenza delle competizioni sportive, che sono regolate da regole, le persone che commettono atti violenti contro terzi – sia nella sfera privata che in quella pubblica – non si preoccupano di alcuna metafora; Queste persone semplicemente agiscono, imponendo i loro desideri e il loro potere sugli altri. “Ti lasciano fare. Puoi fare qualsiasi cosa. Prendile per la figa”, confidò Donald Trump al suo interlocutore un giorno, quando non sapeva di essere ripreso, a proposito di donne. Volodymyr Zelensky – che tuttavia non è una donna – ha vissuto con amarezza questa esperienza nello Studio Ovale della Casa Bianca il 28 febbraio…
Quando gli impulsi hanno uno spazio delimitato per la realizzazione, come nello sport, nella narrativa o in una sessualità desiderata e condivisa, possono esprimersi senza rischi e portare a forme differenziate di piacere. Al contrario, è nelle azioni che sfuggono a ogni forma di sublimazione o di pulsione secondaria – anche quando cioè non danno più luogo a metafore – che esse rappresentano un pericolo reale per gli individui e per lo spazio comune.